Mbuji-Mayi, 03 juin 2024 (ACP). – Un engagement à un plaidoyer pour la prise en charge des victimes des violences survenues lors des conflits de « Kamuina Nsapu » a été pris lundi à Mbuji-Mayi, au Kasaï Oriental, dans le centre de la République démocratique du Congo, lors d’une réunion au gouvernorat.
«Après avoir effectué des visites dans les sites d’hébergement des victimes des violences des rebelles de « Kamuina Nsapu », nous, la délégation du Fonds national de réparation des victimes de violences en temps de conflit et d’autres crimes graves contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV), en mission de travail au Kasaï Oriental, nous nous engageons à mener des plaidoyers (…) pour la prise en charge de cette population affectée », a déclaré Mme Fifi Kandolo, cheffe de mission.
« Nous n’avons pas su retenir nos larmes partout où nous sommes passés. C’est des femmes qui pleurent. C’est des femmes qui ont perdu des enfants. C’est des femmes qui sont restées avec des charges de leurs foyers. Et donc, des situations très déplorables en tant que femmes, c’est des choses qui nous ont beaucoup affectées et nous sommes déterminés à plaider pour cette province pour que les conditions de nos communautés soient rétablies », a-t-elle ajouté.
Et de souligner : « Et donc, on a visité, sur le tronçon Mwene-Ditu, le site de Kasapuila où nous avons trouvé que le HCR est en train d’abattre un grand travail. Il est en train de construire des maisons pour les déplacés de ces conflits. Nous avons également visité le site Bashala. Nous avons fini avec le focus groupe que nous avons eu avec les autorités politico-administratives et de moments qui étaient très riches et très forts en échange ».
« Il était question pour nous, de comprendre les différents problèmes qui sévissent dans les communautés qui vivent sur les différents sites. Comment est-ce que ces sites sont organisés ? Et comment se font les élections de différents responsables de ces sites ? Également les autorités responsables de différentes entités de Mbuji-Mayi dont les communes de Bipemba, Diulu, Kanshi, ainsi que tous les territoires concernés ont fait du lobbying en faveur des victimes », a indiqué la cheffe de mission de FONAREV.
Identification des victimes de violences sexuelles des conflits Kamuina Nsapu
La délégation du Fonarev a, par ailleurs, fait savoir qu’il a également la mission d’identifier les victimes des violences sexuelles des conflits « Kamuina Nsapu ». Les échanges ont porté sur la mission exploratoire de différents camps de déplacés et les camps qui regorgent les différentes victimes de violences sexuelles, notamment dans les territoires de Miabi, Kabeya Kamwanga, Tshilenge et à Katanda.
«Dans notre mission nous, Fonarev, sommes appelés à faire de réparations tant individuelles que collectives. Et la province du Kasaï Central rentre dans les provinces pilotes. Et là, nous sommes en train de ratisser dans les différentes provinces qui sont autour de la province du Kasaï Central dans ce sens où le phénomène Kamuina Nsapu a affecté, d’une manière ou d’une autre, la province du Kasaï Oriental où une délégation séjourne à Mbuji-Mayi pour identifier les victimes des violences sexuelles de ces conflits », a indiqué Mme Kandolo.
Et de préciser : « Nous allons identifier ces victimes et nous ne pouvons pas apporter des réparations à des victimes que nous n’avons pas identifié au préalable. Et donc, aujourd’hui, nous identifions les différents camps et les endroits où ils se trouvent et dans un futur proche, nous allons les identifier individuellement, et recueillir leurs différents besoins et par après, nous allons apporter des réparations.
Ce briefing avec les différentes autorités, qui a relevé les mauvaises conditions de vie et l’insécurité alimentaire, s’est déroulé en présence de Mme Joëlle Twikala Ngandu, ministre provinciale de Justice faisant l’intérim du gouverneur de province.
Elle a fait savoir que la plupart des victimes souffre de malnutrition.
« C’est vrai qu’il y a la famine qui bat son plein. Beaucoup ne sont pas logées, vivent dans des conditions inhumaines. Certaines sont logées dans les familles d’accueil, mais dans ces familles d’accueil, elles sont encore victimes de violences parce qu’elles n’ont pas un pouvoir économique fort et l’idéal. Il s’agit donc de renforcer le pouvoir économique de toutes les communautés en leur octroyant les activités génératrices de revenus », a-t-elle expliqué.
Pour sa part, Mme Joëlle Twikala Ngandu, gouverneure intérimaire du Kasaï Oriental, a salué cette mission qui vient appuyer le gouvernement provincial déjà débordé par le problème des déplacés internes et des déplacements à répétition des populations et communautés en difficulté, ou ceux-là qui continuent à vivre les conséquences de conflits intercommunautaires.
Déclenché le 08 août 2016 après le décès du chef coutumier Kamuina Nsapu, ce conflit a fait au moins 3.400 morts et plusieurs dizaines d’exilés, selon le bilan de l’église Catholique.
Deux experts de l’ONU, l’Américain Michael Sharp et la Swedoise d’origine chilienne Zaïda Catalan, ainsi que leur quatre accompagnateurs congolais ont été également tués, alors qu’ils menaient des investigations sur les fosses communes au Kasaï. ACP/ KHM