L’ Église au milieu du village (Pierre Matadi)

Kinshasa, 28 juin 2024 (ACP).- L’ épiscopat congolais s’est doté de nouveaux dirigeants avec en tête l’archevêque de Lubumbashi, Fulgence Muteba, plusieurs années secrétaire général de la puissante Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) très influente en République démocratique du Congo, sous la dictature du maréchal Mobutu.

C’est en principe un homme de caractère qui a été choisi par les évêques qui avaient participé activement à la 61ème plénière de la Cenco, selon des témoignages d’anciens étudiants qui le côtoyaient après des repressions sanglantes sous le régime Mobutu.

Mgr Muteba est ainsi un évêque qui n’a jamais eu sa langue dans la poche et arrondir les angles n’a jamais été son fort.

Les Congolais vont devoir s’habituer à un style différent de celui de Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani et président sortant de la Cenco.

Aussitôt désignés par leurs pairs, les nouveaux dirigeants de la Cenco sont montés à la cité de l’Union africaine pour se présenter au maître des lieux, le président Félix Tshisekedi, qui a salué les observations pertinentes de l’épiscopat congolais sur des questions socio-politiques.

Aussitôt, il a invité la Cenco à demeurer cette « Église au milieu du village ». Ce qui n’est pas anodin car sorti de la bouche du président Tshisekedi.

Il y a peu, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de la mégapole Kinshasa, s’était senti obligé de s’expliquer auprès du chef de l’Etat, en présence d’un représentant de la nonciature apostolique en RDC, sur ses sorties publiques troublantes en rapport avec la situation de la crise sécuritaire dans l’Est.

La justice s’était même saisie de cette question et toutes les sources affirment auprès de l’ACP que le prélat avait été interrogé par un magistrat du parquet.

Défenseur des droits humains, à la limite de l’activisme, l’abbé Muteba secrétaire général de la Cenco et archévêque de Lubumbashi devra « se débarrasser de sa casquette de défenseur des Katangais, pour enfiler le manteau de défenseur et surtout porte-parole de tous les Catholiques de la RDC », a commenté auprès de l’ACP, un prêtre de l’archidiocèse de Kananga, qui n’a pas souhaité être cité.

Un autre prêtre, ancien de la Cenco, est tranchant: « Mgr Fulgence doit éviter de porter la voix de l’opposant Moïse Katumbi comme il l’a fait pendant plusieurs années. A la Cenco tout le monde sait qu’il est très proche de l’opposant congolais ».

L’ Archevêque de Lubumbashi a réussi l’exploit de réunir, lors d’une grande conférence de réconciliation, l’ancien Président Joseph Kabila et l’opposant Moïse Katumbi. La rupture brutale entre les deux leaders politiques katangais avait eu lieu en 2015, l’ex-gouverneur de l’ex-Katanga s’était opposé à un troisième mandat de l’ancien président Kabila.

Mgr Fulgence Muteba est considéré dans le microcosme politique « katangais« , selon un acteur politique de cet espace joint par l’ACP, comme « rassembleur des opérateurs politiques katangais de souche, toutes tendances confondues ».

Le président de la République est disposé à écouter ou accompagner tout Congolais. « Mgr Fulgence Muteba sait ce qu’il doit faire pour rassurer les uns et les autres. L’Eglise n’est pas là pour servir un camp, ni une personnalité. L’ Église est au service du peuple de Dieu, en restant en effet au milieu du village, surtout du cóté de la vérité », a conclu un évêque du Kivu.ACP/

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