Kinshasa, 06 février 2023 (ACP).- La famille de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara, assassiné en 1987 avec douze de ses compagnons, n’assistera pas à l’inhumation de son corps prévue sur le lieu de sa mort, ont rapporté lundi des agences internationales de presse.
« Nous ne participerons pas à l’organisation des cérémonies et ne serons pas présents aux inhumations », écrit la famille de Thomas Sankara dans son communiqué. Selon ces sources, le gouvernement burkinabè avait annoncé vendredi que les corps de Thomas Sankara et de ses compagnons seraient inhumés courant février à Ouagadougou sur le site du Mémorial Thomas Sankara érigé sur le lieu de son assassinat.
Lors des rencontres initiées autour de cette inhumation, « nous disions notre souhait de voir les restes de Thomas Sankara » inhumés « ailleurs », car ce « lieu de recueillement est inadéquat pour toute la charge qu’il recèle », dit-elle.
« Nous estimions et continuons de penser qu’il est fondamental que soit trouvé un espace qui permette de rassembler et d’apaiser les cœurs, et non de diviser et d’accroître les rancœurs » , selon la famille qui se dit « surprise » d’apprendre que décision a été prise de procéder à l’inhumation des dépouilles sur ce lieu pourtant conflictuel et polémique.
Enterrés une première fois dans un cimetière en périphérie de Ouagadougou, les corps de Thomas Sankara et de ses douze compagnons avaient été exhumés le 25 mai 2015, pour les besoins d’une procédure judiciaire.
Arrivé au pouvoir par un putsch en août 1983, Thomas Sankara, icône panafricaine, a été tué le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat fomenté par son numéro deux, Blaise Compaoré.
Ce dernier était resté au pouvoir jusqu’à une insurrection populaire qui a entraîné sa chute en 2014. En avril 2022, le tribunal militaire de Ouagadougou l’avait condamné par contumace à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons. Le procès avait duré six mois.
En juillet 2022, Blaise Compaoré était rentre au Burkina Faso, après plus de huit ans d’exil à l’étranger. Il avait rencontré Paul-Henri Sandaogo Damiba, alors président de la junte au pouvoir.
Malgré sa condamnation à perpétuité, Blaise Compaoré n’avait pas été arrêté. Il repart en Côte d’Ivoire et à la fin du mois, puis une lettre est rendue publique.
Dans celle-ci, Blaise Compaoré demande pardon aux Burkinabès au nom de l’« intérêt supérieur de la nation » sans toutefois nommer précisément les crimes dont il s’est rendu coupable. ACP/