La foi de la RDC en l’Union africaine (Par Joseph Kimba)

Kinshasa, 25 mai 2025 (ACP).-Il y a exactement 62 ans, jour pour jour, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a vu le jour sous l’impulsion des pères des indépendances des pays africains, pour sceller l’unité du continent et assurer son intégration économique.

L’empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié, joua un rôle déterminant pour la création de l’OUA, le 25 mai 1963. Tout premier Président, il avait déclaré à ce sujet : « Nous devons parler d’une même voix ».

Au départ, la plupart des 32 Etats, créateurs de   cette Organisation continentale étaient divisés entre les fédéralistes conduits par le Président ghanéen Kwame Nkrumah, et les « gradualistes » menés par le Président Senghor, qui voulaient, quant à eux, d’une Afrique des Etats. Mais, finalement, c’est la coopération qui aura le dessus sur l’intégration.

Modibo Keita, Président du Mali, participera activement à la rédaction de la charte de l’instance panafricaine aux côtés de Sylvanus Olympio du Togo. Ironie du sort, tous les deux seront renversés. A leur tour, victimes, peut-être d’une malédiction, Hailé Sélassié et Kwame Nkrumah perdront le pouvoir peu de temps après avoir signé la charte de l’OUA. Diallo Telli de Guinée, premier secrétaire de l’OUA, élu lors du sommet du Caire en 1964 est rattrapé par le sanguinaire Sékou Touré qui mit fin à sa vie.

L’impossible intégration

L’OUA ne va pas atteindre son objectif, elle va disparaître sans conduire l’Afrique à l’intégration. En 1990, une session extraordinaire adopte le « plan d’action et l’acte final de Lagos », suivis, une année plus tard, du traité instituant la Communauté économique africaine (CEAF). 

Ces traités qui devraient conduire à un marché commun africain, disparaissent. En attendant, les courants économiques sont freinés pour plus de 50 frontières, plusieurs régimes commerciaux, fiscaux, douaniers, juridiques, etc…, barrières qui freinent jusqu’à présent l’intégration du continent qui se recherche encore, 62 ans après.

 La charte africaine des droits de l’homme et des peuples est adoptée solennellement en 1981 par l’OUA. Ce dispositif limité par la sacrosainte règle de « la non-ingérence » est freiné jusqu’à ce jour dans son fonctionnement et ne peut pas prendre des décisions.

Entrée en vigueur en 1986, la charte a été suivie vingt ans plus tard, en 2006, par la création du Tribunal africain des droits de l’homme, créé lors du 7ème sommet de l’Union africaine (UA) à Banjul. Les détracteurs qui ont vu les onze magistrats prêter serment, diront qu’il s’agit d’un « clouage » de la Cour européenne des droits de l’homme. A cette différence que tout citoyen européen peut saisir directement cette haute instance sans passer par son Etat. Les ONG des droits de l’homme doivent encore attendre longtemps et ronger leurs freins, car où est ce tribunal ?

DE l’OUA à l’UA

L’Union africaine (UA) calquée sur le modèle de l’Union européenne (UE) succède à l’OUA lors d’un sommet extraordinaire tenu à Syrte en Libye, du 6 au 9 septembre 1999. L’acte constitutif de l’UA ne sera adopté qu’une année plus tard à Lomé au Togo par 27 Chefs d’Etat aux termes de tractations difficiles. Officiellement, l’UA est créée en juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud conformément à la décision prise au sommet de septembre 1999 par l’OUA de mettre en place une nouvelle organisation continentale à l’effet de consolider ses acquis.

 Son anniversaire intervient dans un contexte très difficile où elle est confrontée à de multiples défis d’ordre politique, économique, social et sécuritaire, lesquels font même penser à une « sorte de prophétie », d’un écologiste français, René Dumont qui, dans son livre paru au lendemain des indépendances africaines, écrivait que «l’Afrique noire est mal partie », pour fustiger ce qui s’est passé en Afrique, à peine indépendante.

Quoi qu’il en soit et après tout, l’Union africaine demeure un acquis important pour l’unité et l’intégration du continent. La République Démocratique du Congo lui a toujours exprimé toute sa foi et croit encore en sa capacité, même si ses résultats sont mitigés dans certains domaines, de trouver progressivement des solutions aux problèmes du continent où des conflits et la mauvaise gouvernance retardent le développement du continent.

Face au conflit de la RDC, l’UA a mis en place un panel de cinq anciens Chefs d’Etat africains sous la coordination du pays facilitateur, le Togo après l’Angola, pour tenter, aux côtés d’autres initiatives diplomatiques en cours au niveau de Qatar, des Etats-Unis, de la SADC et de l’EAC, de ramener la paix  dans l’Est du pays.

ACP/C.L.

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