Kinshasa, 07 avril 2021 (ACP).- La police nigériane a ordonné aux services de sécurité d’utiliser leurs armes contre les membres du mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB), au lendemain de l’évasion de plus de 1 800 prisonniers, a-t-on appris mardi des agences internationales de presse.
Selon ces sources, les voitures carbonisées gisaient encore devant le quartier général de la police d’Owerri lorsque l’inspecteur général de la police, Muhammed Adamu, accompagné du gouverneur de l’Etat d’Imo, arrive constater les dégâts de la spectaculaire libération de la veille.
1 844 détenus évadés, des véhicules détruits, des armes pillées dans un commissariat pris d’assaut une enceinte de centre pénitencier attaquée à l’aide d’explosifs : le bilan de l’attaque, considérée comme la plus grande évasion de l’histoire moderne du Nigeria, est très embarrassant pour les autorités nigérianes.
Pour le chef de la police, sans doute, le mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB, Indigenous People of Biafra en anglais) est derrière cette attaque. Et les mots sont durs envers les accusés. L’inspecteur général de la police a demandé aux forces de sécurité d’utiliser leurs armes contre les membres de l’IPOB (Indigenous People of Biafra) et de les détruire jusqu’au dernier homme.
De son côté, Emma Powerful, porte-parole du groupe, a démenti toute implication dans l’évasion de la prison d’Owerri, qualifiant ces accusations de mensongères et fallacieuses. « Ce n’est pas notre mission d’attaquer les services de sécurité ou les prisons », a assuré Emma Powerful, leur porte-parole, dans un communiqué.
50 ans après la terrible guerre civile du Biafra (1967-1970) qui a fait près d’un million de morts, en majorité issus de l’ethnie igbo, les tensions restent fortes entre les groupes sécessionnistes biafrais qui réclament un Etat indépendant dans le sud-est du Nigeria et le pouvoir central nigérian.
Bien que les autorités aient appelé la population à « continuer à vaquer à ses occupations » et assuré contrôler la situation, les riverains craignaient de sortir de chez eux, notamment de peur des représailles des autorités.
Fin janvier, des violences avaient éclaté à Owerri entre l’armée et des communautés locales, accusées de soutenir les indépendantistes, faisant au moins un mort et de nombreux dégâts. L’IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment publié des vidéos très impressionnantes d’une nouvelle milice, baptisée « Réseau sécuritaire de l’Est » (ESN), dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l’entraînement. Les militants de l’IPOB affirment « protéger les communautés et les villages des éleveurs nomades peuls », venus du nord du pays, et se défendent d’être le bras armé de la mouvance indépendantiste, ce qui les désignerait directement comme des séparatistes armés. Lundi, le président Muhammadu Buhari, n’a pas désigné le groupe comme responsable de cette attaque, mais a qualifié ses auteurs de « terroristes » et « d’anarchistes ». ACP/Kayu/KJI