Kinshasa, 29 août 2023 (ACP).- La République démocratique du Congo ambitionne de consacrer 3% de son budget pour l’année 2024 à l’innovation technologique, a fait savoir le Chef de l’Etat, lors de la clôture, mardi à Kinshasa, du conclave du génie scientifique congolais.
«La loi des finances 2024 devra refléter clairement cet impératif à travers le taux du budget alloué au ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique, qui ne devra pas être inférieur à 3% du budget national global», a déclaré le président Félix Tshisekedi dans son allocution.
«Ce pourcentage devra progressivement être majoré jusqu’à atteindre un taux digne des ambitions légitimes de la République démocratique du Congo», a-t-il insisté.
Le Chef de l’Etat a exprimé sa joie et sa fierté quant à la tenue du conclave qui a, selon lui, «permis la mise en lumière du génie scientifique congolais à travers les différentes expositions et autres démonstrations».
Pour Félix Tshisekedi, «le conclave a été le moment par excellence pour évaluer notre capacité de prise en main des leviers de commande scientifique et technologique de notre économie».
C’est ainsi qu’il a invité le Parlement et le Gouvernement de «prendre sans tarder, chacun en ce qui le concerne, les dispositions requises pour l’implémentation des recommandations pertinentes» élaborées dans le cadre de ces assises.
Le gouvernement de la RDC avait mis, au cours du premier semestre de l’année 2022, une enveloppe de plus de 20 milliards de Francs congolais (CDF), un montant équivalent à plus de 10 millions USD, à la disposition du secteur de la Recherche scientifique et Innovation technologique.
Selon des experts, les crédits prévus pour ce secteur dans le budget 2022 étaient fixés à 50,5 milliards CDF, soit un peu plus de 25 millions USD, sans pour autant qu’aucun franc ne soit investi pour le volet «recherche».
Lors du vote de la loi des finances 2020, seulement 0,41% du budget avait été alloué à la recherche scientifique.
Entre 2009 et 2019, la part allouée à ce secteur a varié de 0,29 à 0,59% du budget national, considéré jusque-là comme «l’éternel parent pauvre de la vie nationale».
Des penseurs patentés pour construire l’Etat dans le domaine des sciences

Auparavant, le ministre de la Recherche scientifique et Innovation technologique, Gilbert Kabanda a salué la naissance, à l’issue du conclave, d’un nouveau corps de penseurs patentés, devant s’occuper de la construction de l’Etat dans le domaine des sciences.
«La crème scientifique de la République a brillamment rempli sa mission : scientifiques, chercheurs et innovateurs devaient identifier et présenter à la Nation un nouveau corps de penseurs patentés de la construction de l’Etat dans le domaine des sciences dites dures, « hard sciences » en anglais. C’est chose faite», a-t-il déclaré.
«Ce corps dont, rappelons-le, la République a été brusquement sevrée dès les lendemains de son indépendance en 1960, lorsque tous les scientifiques qui tenaient les leviers scientifique et technologique de la colonie du Congo belge se sont retirés», a renchéri le ministre Kabanda, avant d’en appeler à l’implication de toutes les institutions dans l’appui à accorder au secteur de la recherche scientifique.
«Dès maintenant, je sollicite à toutes les institutions de la République, chacun dans son rôle, d’accorder à ces successeurs légitimes de « l’intelligentsia coloniale » toute la collaboration requise pour qu’ensemble nous prenions notre destin socioéconomique afin de bâtir un pays plus beau qu’avant», a-t-il dit, soulignant que le budget de recherche d’une nation est un indicateur majeur de développement.
Une affectation d’au-moins 7% du budget national recommandée
Par ailleurs, les participants au conclave ont recommandé, notamment, qu’au-moins 7% du budget national soient affectées à la recherche scientifique et à l’innovation technologique.
D’autres recommandations incluent, entre autres : Atteindre 1% du Produit intérieur brut à affecter aux dépenses de la recherche et développement conformément aux recommandations de l’Union africaine ; impliquer le ministère de la RSTT à la gestion des bourses universitaires et postuniversitaires en rapport avec les besoins prioritaires du pays ; rendre opérationnel le Fond national de la recherche scientifique et de l’innovation technologique (FNRSTT), en mettant en place ses organes, ses animateurs, et inscrivant le FNRSTT au budget de l’Etat dès l’exercice 2024 en vue d’accompagner la mise sur le marché des biens de consommation des produits de recherche endogènes.
Ils ont, en outre, préconisé la création d’une commission interministérielle permettant d’injecter dans l’industrie nationale tout produit d’invention nationale, scientifique et innovation technologique ; d’une agence nationale de la propriété intellectuelle ; d’un ordre de mérité en science, innovation et technologie ; ainsi que l’implication du ministère de la RSTT dans l’élaboration des manuels scolaire de l’enseignement Primaire et secondaire, en vue d’orienter l’enseignement vers les besoins prioritaires dans les domaines de la RSTT, et de constituer une commission de rédaction du projet de loi déterminant les principes fondamentaux relatif à la recherche scientifique et innovation technologiques.
A l’issue du conclave, les cinq meilleurs lauréats ont été primés par le président Félix Tshisekedi, qui lui-même a reçu le prix d’excellence de ce forum scientifique.
Ouvert le 19 août dernier, cet événement visait la promotion des inventions «made in Congo». ACP/