Kinshasa, 18 mai 2016 (ACP).- La République démocratique du Congo demeure un état fragile sur le plan alimentaire malgré ses ressources et son potentiel agricole cultivable, estimé à plus de 75 millions d’hectares dont moins de 10 millions d’hectares seraient exploités, a dit le représentant de la FAO en RDC, Aristide Ongone Obame.
Selon le diplomate onusien qui l’a souligné dans une déclaration lue au cours de la conférence de presse de l’ONU, mercredi à Kinshasa, le rapport du 20ème cycle de l’IPC en RDC révèle plus de 27 millions de personnes en phase de crise alimentaire et de moyens d’existence aiguë, soit 26% de la population analysée ayant besoin d’une action urgente.
Des facteurs ci-après seraient à la base de cette situation d’insécurité alimentaire au pays, a-t-il précisé.
Il s’agit de faibles performances des productions agricoles, dues à la mauvaise répartition des pluies, aux maladies et ravageurs des cultures ou à un accès limité aux semences qui sont, dans la majorité des territoires analysés, les principaux facteurs limitant la sécurité alimentaire des ménages ; des épizooties qui privent les ménages d’une source de revenus alternative et du délabrement des infrastructures et voies de communication
En plus, des conflits armés et communautaires empêchent les ménages d’accéder à leurs champs et entraînent le pillage des récoltes ; l’activisme de ces groupes et les conflits provoquent des mouvements de populations obligeant les ménages à laisser derrière eux leurs moyens d’existence.
De même la pandémie à Covid-19 et ses restrictions (état d’urgence sanitaire), les activités des ménages n’ont pas pleinement repris, en particulier dans les zones dépendantes des activités transfrontalières (Équateur, Nord-Kivu, Ituri, Lualaba, Kasaï) : les moyens d’existence et le pouvoir d’achat des ménages se trouvent limités en particulier dans les zones rurales dans un contexte de prix élevés des denrées de base limitant la capacité des ménages à accéder à l’alimentation. À cela s’ajoute, une faible consommation des aliments diversifiés.
Impact de la crise russo-ukrainienne
La Fédération de Russie et l’Ukraine sont les deux principaux fournisseurs de blé, de maïs, d’orge, d’huile comestible, de carburant et d’engrais sur les marchés mondiaux. Les principaux risques pour les pays en crise alimentaire découlent de leur dépendance aux importations de produits alimentaires et d’intrants agricoles.
Au début du mois d’avril 2022, la situation économique en RDC était relativement stable malgré les risques d’un impact futur de la crise ukrainienne, notamment en ce qui concerne la hausse des prix du gaz et du pétrole brut ainsi que de certains aliments de base, a souligné le représentant de la FAO. Aussi, l’inflation hebdomadaire est passée de 0,33% à 0,34% au cours de la dernière semaine de mars, et les prix des denrées alimentaires sur les marchés locaux n’ont que légèrement augmenté, notamment à Kinshasa.
Les céréales représentent la plus grande part des produits alimentaires importés, suivies du sucre, des fruits et légumes et du poisson.
Alors que près de 70% de toutes les importations de blé en RDC proviennent de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, il convient de noter que le blé représente un pourcentage relativement faible des aliments de base consommés en RDC.
Néanmoins, le blé est un aliment de base important, en particulier pour les ménages urbains et les consommateurs se plaignent de la forte augmentation du prix du pain. Le Mouvement national des consommateurs lésés (MNCL) a déploré qu’à Kinshasa le prix du pain de mie soit récemment passé de 500 à 750 CDF, et s’est inquiété du fait que les salaires restent les mêmes, a révélé le responsable de la FAO en RDC.
ACP/JFM