Kinshasa, 23 juin 2022 (ACP).- La RDC en a assez de payer le prix des conséquences du génocide rwandais, a déclaré mercredi, le ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, au cours d’un entretien avec les journalistes d’une chaîne internationale.
Selon le ministre Patrick Muyaya, « tout ceci arrive parce que nous avons été très hospitaliers, que nous avons ouvert nos frontières en 1994 et, depuis, notre malheur a commencé ».
Le ministre a rappelé les différents mouvements rebelles soutenus par le Rwanda, depuis le prétexte de la poursuite des éléments du Front démocratique pour la libération du Rwanda (FDLR). « Aujourd’hui les FDLR, si ça subsiste, je ne pense pas que ce mouvement subsiste au point de poser des problèmes de sécurité au gouvernement rwandais pour qu’il justifie une nouvelle invasion », a-t-il dit, déplorant qu’il est bien dommage que depuis l’arrivée au pouvoir du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, « nous avons mis en place des mécanismes qui nous permettaient, y compris avec le Rwanda, de discuter de ce sujet en vue de trouver des solutions. C’est bien dommage que nous sortions des cadres que nous avions établis pour aller sur d’autres considérations ».
Des preuves irréfutables sur la présence de l’armée rwandaise sur le territoire congolais
Par ailleurs, le ministre Muyaya a réaffirmé la présence de l’armée rwandaise en RDC, indiquant que « tout le monde a vu les deux militaires des forces spéciales rwandaises qui ont été arrêtés en RDC, en tenue militaire avec leurs munitions, puisqu’il existe un Mécanisme conjoint de vérification à travers lequel ces militaires ont été interrogés. Ils ont avoué qu’ils étaient en opération spéciale en RDC. Ils devraient attaquer le Camp de Rumangabo, mais ils ont été défaits dans leur tentative par les Forces armées de la RDC (FARDC) et ils se sont perdus 25 kilomètres loin de la frontière ».
En outre, le Rwanda a, dans un communiqué, reconnu que c’était ses militaires et le Président Félix Tshisekedi, après avoir rencontré son homologue de l’Angola, a pris la décision de rendre ces militaires, a dit le porte-parole du gouvernement.
D’ailleurs, à ce jour, a-t-il ajouté, il existe des images de drones et il souhaiterait vivement que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) sorte de son silence et de son administration pour qu’elle soit en mesure de le dire, et ce en mémoire également des huit (8) Casques bleus qui ont été tués parce que leur hélicoptère a été également bombardé par le M-23, soutenu par le Rwanda. « Comme pour tout dire, nous considérons que nous ne sommes pas en guerre avec le Rwanda, nous défendons notre territoire parce que nous ne sommes pas belliqueux, nous n’allons pas traverser nos frontières pour aller poser des problèmes », a dit le ministre Patrick Muyaya, rappelant que « les bombardements rwandais ont tué des enfants de 6-7 ans, touché des écoles, des milliers de femmes ne sont plus dans leur logis parce qu’il faut fuir et cela durant 25 ans. Il faut que cela cesse ».
La RDC engagée dans le processus d’un règlement pacifique
Patrick Muyaya a rappelé que la RDC est engagée dans le processus d’un règlement pacifique avec son adhésion à la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (CEA), et les dernières résolutions du Conclave tenu à Nairobi indiquent que les discussions sur ce point de vue continuent, et « nous espérons que très vite les troupes rwandaises et le M-23 quitteront les localités occupées ».
Par ailleurs, la force régionale qui va voir le jour prochainement ne sera pas formée d’éléments rwandais parce qu’ils posent problème. « Nous n’allons pas faire le choix d’accepter les troupes rwandaises qui soutiennent les groupes terroristes », a martelé le ministre de la Communication et médias.
Quant au budget alloué à l’armée, le porte-parole du gouvernement a fait savoir qu’il n’est pas suffisant par rapport à la dimension du pays et qu’il faudrait reconnaître l’étape franchie et les conditions économiques du pays.
Selon le ministre Muyaya, le recours aux armées étrangères est un choix difficile, a-t-il reconnu, mais il faut tenir compte du diagnostic que le Chef de l’Etat a fait récemment, notamment en ce qui concerne les capacités opérationnelles, au regard des questions transversales qu’on aborde dont le terrorisme, les ADF venus de l’Ouganda, les FDLR venus du Rwanda, etc.
La RDC et la Belgique veulent repartir sur de nouvelles bases
Les échanges à l’occasion de la visite du couple royal en RDC se sont cristallisés autour de la construction de l’avenir en synergie qui, dorénavant, devra caractériser les relations entre le Royaume de Belgique et la RDC. « Nous pensons que si nous voulons regarder l’avenir ensemble, nous devons être en mesure de nous regarder franchement dans ce qui s’est passé des regrets, des réparations, pour voir comment consolider le rapport entre les deux Etats », a dit Patrick Muyaya.
Il a, en outre, salué la visite historique du couple royal belge qui a duré six jours, pendant laquelle le Roi Philippe a reconnu en termes clairs l’exploitation du régime colonial, son caractère raciste et inhumain. « Je pense qu’en termes de rhétorique, eux et nous, nous sommes sur la même longueur d’ondes. Je pense que du côté belge il y a peut-être de la procédure administrative, mais le pardon devrait arriver comme cela est arrivé pour Lumumba », a-t-il souligné. ACP/