Kinshasa, 14 septembre 2023 (ACP).- La Tunisie a interdit jeudi d’entrée sur son territoire une délégation du Parlement européen, provoquant de vives réactions des eurodéputés qui ont, pour certains, réclamé la suspension de l’accord migratoire conclu entre l’UE et Tunis, a-t-on appris des sources diplomatiques européennes cité par africanews.
« Je suis surprise de cette décision, mais la poursuite du dialogue est encore plus importante face aux défis sans précédent que nous rencontrons », a déclaré la porte-parole de la Commission, Adina Revol.
La délégation composée de cinq eurodéputés, dont trois Français, devait se rendre à Tunis jeudi 14 septembre 2023 « pour mieux se rendre compte de la situation politique actuelle » et faire le point sur cet accord.
« J’attends des dirigeants européens une réponse ferme et un soutien franc à notre institution », a affirmé pour sa part un autre eurodéputé français, Emmanuel Maurel, également membre de cette délégation.
Emmenée par l’Allemand Michael Gahler (PPE, chrétien-démocrate), elle devait rencontrer des membres de la société civile, des syndicalistes et des représentants de l’opposition tunisienne.
« Cette attitude est sans précédent depuis la révolution démocratique de 2011 », ont réagi les eurodéputés, réclamant une « explication détaillée » à Tunis. Le groupe Socialistes et Démocrates du Parlement européen a réclamé dans la foulée la suspension « immédiate » de ce « partenariat migratoire », signé en grande pompe en juillet à Tunis, ce partenariat est notamment censé faire baisser le nombre de départ de migrants depuis les côtes tunisiennes en échange d’une aide européenne de plusieurs centaines de millions d’euros.
En outre, La Commission avait défendu cette semaine cet accord, arguant qu’il avait permis une augmentation des interceptions de bateaux et des sauvetages.
Mais il est critiqué d’une part par la gauche et d’autre part par les Verts, qui dénoncent l’autoritarisme du président Kais Saied et les abus dont sont victimes les migrants subsahariens en Tunisie. A droite et à l’extrême droite, des eurodéputés jugent en revanche sa mise en œuvre insuffisante pour faire baisser le nombre d’arrivées de migrants en Europe.
La Tunisie est, avec la Libye, le principal point de départ pour des milliers de migrants qui traversent la Méditerranée centrale vers l’Europe, et arrivent en Italie.
Mme von der Leyen s’était rendue à Tunis à l’occasion de la signature de cet accord, accompagnée des chefs de gouvernement italien Giorgia Meloni et néerlandais Mark Rutte.
Après la crise migratoire de 2015, les pays de l’UE avaient conclu avec Ankara un accord visant à juguler les arrivées de migrants vers l’Europe, moyennant une lourde contrepartie financière, une partie des six milliards d’euros alors promis doit encore être fournie. ACP/ODM