Kinshasa, 2 août 2023(APS/ACP).-L’Algérie a mis en garde, mardi, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et toute autre puissance étrangère contre toute intervention militaire au Niger, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
D’après l’Agence de presse nigérienne, l’Algérie « met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle ».
La France et l’Italie ont commencé l’évacuation des ressortissants européens. Le pouvoir au Niger a annoncé à la télévision nationale la réouverture des frontières terrestres et aériennes avec cinq pays frontaliers.
Sur les quelques 1.200 français qui habitent au Niger, 600 ressortissants souhaiteraient revenir en France. Quatre avions de rapatriement ont pour l’instant été prévus par l’Elysée.
Une centaine de ressortissants étrangers sont également arrivés à Rome mercredi matin, évacués par l’armée de l’air de l’Italie.
Le mouvement nigérien panafricain M62, à l’initiative d’une manifestation anti-française à Niamey, a souhaité la suspension des médias français et a appelé à un rassemblement pacifique chaque jour près de l’aéroport, jusqu’au départ définitif des forces étrangères présentes au Niger.
Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays frontaliers ont été rouvertes, selon la télévision nationale. Sauf, les frontières avec le Bénin et le Nigeria restent fermées.
Les populations de Dosso ont organisé mardi, à la tribune officielle, une grande réunion de soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Dans une déclaration, les populations de Dosso ont demandé à la France le retrait de ses bases militaires et de toutes les bases des autres puissances.
Abdourahamane Tiani a rencontré une délégation des leaders religieux du Niger avec à leur tête, le président de l’association Islamique du Niger, Cheick Djibril Hassan Karanta.
Selon la source, une première délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) va se rendre ce 2 août 2023 à Niamey. Une première délégation qui sera menée par un ancien Président nigérian, le général Abdulsalami Abubakar.
D’après une autre source proche de la CEDEAO, le sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammadu Sa’adu Abubakar, fera également partie de cette délégation, comme l’annonçait le site Africa Intelligence ce 1er août.
Les juntes burkinabè, malienne et guinéenne contre toute intervention militaire au Niger
Le Burkina Faso, le Mali et la Guinée, trois États dirigés par des militaires, ont averti qu’ils s’opposaient fermement à une éventuelle intervention militaire au Niger pour rétablir Mohamed Bazoum, Président renversé par un putsch. Les deux premiers affirment dans un communiqué commun qu’elle serait assimilée à « une déclaration de guerre » à leurs deux pays.
Cette mise en garde survient au lendemain de la menace d’usage de « la force » proférée par les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ex-puissance coloniale dans la région, accusée par les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger de vouloir « intervenir militairement ».
Dans un communiqué commun, les gouvernements du Burkina Faso et du Mali « avertissent que toute intervention militaire contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ».
Ils « préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ». Ils ajoutent qu’ils « refusent d’appliquer » les « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes » décidées à Abuja.
Dimanche, les dirigeants de la Cédéao ont fixé un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un « retour complet à l’ordre constitutionnel », affirmant ne pas exclure un « recours à la force » si ce n’était pas le cas. Ils ont également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d’État.
Dans un communiqué séparé, la Guinée, dont le gouvernement est aussi issu d’un coup d’État, « exprime son désaccord concernant les sanctions préconisées par la Cédéao, y compris une intervention militaire » et « a décidé de ne pas appliquer ces sanctions qu’il considère illégitimes et inhumaines ». Conakry « enjoint la Cédéao à reconsidérer sa position ».
Les pressions pour pousser les auteurs du coup d’État du 26 juillet à rétablir rapidement « l’ordre constitutionnel » s’accumulent, venant de l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, pays jugé essentiel dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ravagent certaines parties des pays du Sahel depuis des années. ACP/KKP