Bruxelles, 19 juillet 2022 (ACP).- L’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Belgique, M. Christian Ndongala Nkuku, et la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Mme Bintou Keita, ont eu lundi, à l’ambassade de la RDC/ Bruxelles, des échanges sur l’état des lieux de la présence de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).
Selon un communiqué de l’ambassade de la RDC, Mme Keita, qui était accompagnée de M. François Grignon, représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations auprès de la MONUSCO, a noté « une évolution favorable de la situation globale en matière de stabilisation de la sécurité pour l’ensemble du pays », en particulier dans le Tanganyika et le Kasaï, où les troupes de l’ONU se sont retirées.
Cependant, a expliqué la cheffe de la MONUSCO, un important travail reste à faire dans la partie Est de la RDC où sévissent encore les groupes armés. A ce propos, elle a mis en avant le soutien apporté aux FARDC par les forces onusiennes lors des différentes opérations militaires menées sur le terrain, notamment dans la province de l’Ituri.
Mme Keita a également évoqué tous les instruments mis en place tant au niveau des Nations unies qu’à celui de l’Union africaine pour favoriser le retour de la paix en RDC, notamment les accords de Nairobi et d’Addis-Abeba, ainsi que les rencontres de Luanda, ajoute le communiqué.
Discours de haine dans l’espace médiatique congolais La cheffe de la MONUSCO a, par ailleurs, souligné l’inquiétude du Conseil de sécurité de l’ONU quant à l’escalade des discours de haine et d’incitation à la violence dans l’espace médiatique congolais à l’encontre des personnes d’expression rwandaise. « Jusqu’à présent, l’ONU a recensé et documenté huit cas de discours de haine et d’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, selon la grille d’évaluation du seuil de Rabat », a-t-elle relevé.
L’ONU, a-t-elle poursuivi, attire l’attention sur de nombreux cas de personnes résidant en Europe, notamment en Belgique et en France, qui sont à l’origine de cette escalade de discours de haine et qui exacerbent la méfiance envers d’autres communautés au moment où le pays, voire la région, a besoin de la cohésion sociale. « La diaspora vient jeter de l’huile sur le feu en diffusant des discours de haine sur les réseaux sociaux », a indiqué la cheffe de la MONUSCO, qui appelle à la régulation de ces comportements qui ne sont pas acceptables.
Mme Keita a également indiqué que la MONUSCO a observé un flux de capitaux d’un certain nombre de citoyens congolais vers des Congolais vivant dans l’Est de la RDC, apportant ainsi leur soutien à la diffusion sur les réseaux sociaux des messages de haine et d’incitation à la violence ethnique. « La MONUSCO envisage de développer un partenariat fort avec le gouvernement congolais pour démanteler ces réseaux de haine et ainsi éteindre ce feu qui enflamme cette diaspora », a ajouté la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU.
L’ambassadeur Christian Ndongala, qui a salué les efforts de la MONUSCO en RDC, a dénoncé cette rhétorique de violence et a exprimé sa préoccupation pour ce comportement qui brouille les messages de paix prônés par le Chef de l’Etat et le gouvernement congolais.
Il s’est prononcé pour « une approche de trois E : écouter, expliquer et éduquer ». Pour sa part, M Grignon s’est appesanti sur les conséquences juridiques de ce genre de comportement susceptible de déboucher sur des poursuites judiciaires, notamment en cas d’atteinte à l’intégrité physique.
Il a indiqué que les rapports de l’ONU font état de personnes qui violent les lois des pays d’accueil, mobilisant des fonds pour armer des groupes au Kivu en vue de commettre des crimes de guerre. Il a révélé que les transferts de fonds vers le Kivu sont documentés, même lorsqu’ils sont effectués via le mobile money.
ACP/Kayu/Nng/CDN/MME/MBK/IMA