Kinshasa, 18 février 2024 (ACP).- Le 37ème sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu samedi 17 et dimanche 18 février, à Addis-Abeba, a mis l’accent sur les défis multiples en Afrique et à l’international, a appris l’ACP dimanche de l’organisation panafricaine.
« Nos principaux défis n’ont pas diminué de prégnance. La paix, l’instabilité politique et institutionnelle, les changements climatiques, les défis en matière de gouvernance économique, l’intégration, la pauvreté, la marginalisation des femmes et des jeunes dans les processus de développement et de leadership dans nos systèmes politiques et sociaux demeurent nos principales sources de préoccupation », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA.
Dans son discours inaugural de la séance plénière et publique, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, est le seul à avoir nommé sans ambages les graves crises que traverse le continent, citant le Soudan qu’il dit piétiné par ses élites, la Libye livrée aux ingérences extérieures, les politiques du tout militaire inefficaces contre le terrorisme, la multiplication des changements anticonstitutionnels, ainsi que la Cédéao fragilisée par le retrait des pays du Sahel.
Le Premier ministre éthiopien et hôte du sommet, Abiy Ahmed a, quant à lui, insisté sur les avancées de l’Afrique, depuis la fin de l’ère coloniale et les défis que le continent doit désormais relever. D’abord, l’éducation de tous ses enfants, le thème de ce 37ème sommet, le changement climatique et la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale, actuellement en défaveur des pays du Sud et de leur développement.
Une position que rejoint le Comorien Azali Assoumani qui a mis en avant le concept d’« économie bleue » que l’archipel des Comores considère comme un important levier de développement.
L’Afrique veut aussi peser sur les affaires du monde, d’autant plus qu’elle est désormais membre du G20 depuis septembre dernier.
La situation au Moyen-Orient et plus particulièrement la guerre à Gaza
Sur les sujets internationaux, la situation au Moyen-Orient et plus particulièrement la guerre à Gaza, étaient au cœur des allocutions. Le secrétaire général de la Ligue arabe a dénoncé une guerre « barbare » et une « épuration ethnique » menée par Israël.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a finalement été représenté par son Premier ministre qui a tenu un propos particulièrement offensif contre l’État hébreu et remercié l’Union africaine de porter la voix de la Palestine.
Les chefs d’État réunis lors du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba ont unanimement condamné l’offensive menée par Israël dans la bande de Gaza, appelant à sa cessation immédiate.
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a qualifié l’offensive israélienne de « violation la plus flagrante » du droit international humanitaire, accusant Israël d’avoir « exterminé » les habitants de Gaza. Ses propos ont été prononcés aux côtés du Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, qui a également pris la parole lors de cette réunion.
« Nous condamnons vivement ces attaques sans précédent dans l’histoire de l’humanité », a déclaré Moussa Faki
Azali Assoumani, président des Comores et président sortant de l’Union africaine, a salué la démarche entreprise par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice.
Selon les informations rapportées, un quart des habitants de Gaza sont actuellement en situation de famine, conséquence directe de cette guerre qui a éclaté avec l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Cette attaque a causé la mort d’environ 1.200 personnes, principalement des civils, et entraîné l’enlèvement de quelque 250 individus.
Israël rejette catégoriquement l’accusation de génocide à Gaza, affirmant qu’il met tout en œuvre pour épargner les civils et ne cibler que les militants du Hamas. L’État hébreu évoque la difficulté d’éviter les pertes civiles en raison de la stratégie du Hamas, qui consiste à se dissimuler dans les zones résidentielles.
Par ailleurs, lors du sommet de l’UA de l’année précédente, un délégué israélien avait été expulsé de la plénière suite à un différend concernant le statut d’observateur d’Israël au sein de l’organisation continentale.
Outre la situation au Moyen-Orient, les dirigeants africains ont également exprimé leurs inquiétudes concernant les conflits et la recrudescence des coups d’État à travers le continent. M. Faki a évoqué les tensions entourant le report des élections au Sénégal, ainsi que la violence persistante dans l’est du Congo, au Soudan, au Sahel et en Libye.
Dans un appel à l’unité et à la solidarité, il a souligné la nécessité de raviver « l’esprit de solidarité africaine et du panafricanisme » pour faire face aux défis multiples auxquels est confronté le continent, fort de ses 1,3 milliard d’habitants.
Le président brésilien Lula da Silva comme invité d’honneur du sommet
L’invité d’honneur de ce sommet, le président brésilien Lula da Silva, a été particulièrement applaudi, pointant le fait que la moitié des 200 millions de Brésiliens se déclarent afro-descendants. Il a défendu la nécessité d’un nouvel ordre mondial dans lequel l’Afrique doit jouer un rôle prépondérant.
Le Brésil, pendant de nombreux siècles, a été gouverné en se tournant vers les États-Unis, l’Amérique du Nord et en regardant l’Europe.
« Un océan n’est pas un obstacle à notre rapprochement. Je suis de retour et je veux contribuer à ce rapprochement avec le continent africain », a déclaré Lula da Silva.
La réunion de deux jours, à laquelle ont participé les dirigeants des Etats membres de l’UA, s’est tenue sous le thème de l’année « Eduquer un Africain adapté au XXIème siècle : Construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage inclusif, tout au long de la vie, de qualité et pertinent en Afrique ».
Outre le thème de l’année, les dirigeants africains ont délibéré sur des questions continentales, allant de la paix et de la sécurité régionales au développement continental, à la réforme de l’UA et à la présence accrue de l’Afrique sur la scène internationale.ACP/KHM