Kinshasa, 26 décembre 2021 (ACP).-Le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a exprimé sa tristesse suite au décès dimanche de l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, icône de la lutte contre l’apartheid et prix Nobel de la Paix en 1984.
« J’ai appris avec tristesse la disparition, dimanche, de son éminence Desmond Tutu, Archevêque anglican sud-africain Prix Nobel de la paix et ardent résistant face au régime de l’apartheid », a-t-il noté sur son compte twitter.
Le Chef de l’État présente ses sincères condoléances à la famille de l’illustre disparu, à son homologue sud-africain, SEM Cyril Ramaphosa ainsi qu’à l’ensemble du peuple d’Afrique du Sud en particulier, et de l’Afrique en général, qui viennent de perdre un modèle inspirant.
Figure de proue de la lutte contre l’apartheid et prix Nobel de la Paix en 1984, Desmund Tutu aura, tout au long de sa vie, lutté pour la défense des droits de l’homme. Il était « la voix des sans-voix », déclarait son compagnon de lutte Nelson Mandela. Surnommé The Arch, la voûte, l’arcade, par les Sud-Africains, l’archevêque était affaibli depuis plusieurs mois. Il luttait depuis deux décennies contre un cancer de la prostate. Toute sa vie, il aura lutté contre l’oppression, le racisme, la pauvreté et l’homophobie, inspirant une certaine foule, et irritant une autre foule. Le révérend Desmond Tutu appelait également au droit de mourir dignement.
Né à Klerksdorp en 1931, il se forme à l’enseignement et à la théologie puis il intègre la lutte contre l’apartheid comme un combat pour la libération, contre le régime de ségrégation en Afrique du Sud, entre Blancs et Noirs. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 1984 et devient en 1984 le premier Noir à diriger l’Eglise anglicane en Afrique australe. Sa personnalité charismatique, son combat contre l’apartheid et son plaidoyer en faveur de la réconciliation raciale en ont fait lui, l’une des personnalités les plus populaires du pays, presque à l’égal de Mandela.
Lors des émeutes écolières de Soweto, réprimées dans le sang, le 16 juin 1976, Desmond Tutu, premier doyen noir de l’Eglise anglicane en Afrique du Sud, avait dénoncé la violence de la police exercée contre des enfants. Il n’a cessé de faire résonner sa voix, usant de l’humour comme d’une arme. « Quand l’homme blanc est arrivé, il avait la Bible et nous avions la terre », aimait-il raconter. « L’homme blanc nous a dit : « Venez, agenouillons-nous, et prions ensemble ». Quand nous avons rouvert les yeux, voilà ! nous avions la Bible et il avait la terre… »
Cet homme d’Église avait présidé la commission Vérité et réconciliation, à la demande de Nelson Mandela, instrument majeur du pardon et de la reconstruction politique. Ce qui ne l’a pas empêché, par la suite, d’émettre les plus vives critiques contre certains dirigeants du Congrès national africain.
Tout en dénonçant les injustices dans le monde, il n’a cessé de taxer Jacob Zuma de président « honteux », en raison des innombrables scandales qu’il a provoqués. Desmond Tutu dénonçait aussi les niveaux de violence atteints dans le pays, pourtant pacifié, à cause du lien étroit entre inégalités et criminalité.
« Ce n’est pas ce que nous étions sous l’apartheid », répétait-il. Desmond Tutu a vaillamment fêté ses 90 ans, en octobre 2021, en la cathédrale du Cap. Il ne faisait plus d’apparitions publiques ces derniers temps. ACP/