Kinshasa, 25 septembre 2023 (ACP).- L’élection présidentielle prévue en février 2024 au Mali, est reportée à une date ultérieure, qui n’a pas été fixée, a appris l’ACP de source officielle malienne.
« Les dates initialement retenues du 4 et du 18 février 2024 pour les deux tours de l’élection présidentielle connaîtront un léger report pour des raisons techniques », a dit le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, dans une déclaration à Bamako.
Les autorités citent parmi ces « raisons techniques » des facteurs liés à l’adoption en 2023 d’une nouvelle Constitution et à la révision des listes électorales, mais aussi un litige avec une société française, Idemia, impliquée selon elles dans le processus au niveau du recensement.
« Les nouvelles dates de l’élection présidentielle feront l’objet (d’un) communiqué ultérieurement« , a dit le gouvernement.
Le Mali a connu un coup d’État le 24 mai 2021, lorsque l’armée malienne a capturé le président du pays, Bah N’Daw, le Premier ministre, Moctar Ouane, et le ministre de la Défense désigné, Souleymane Doucouré.
Au lendemain de l’opération, le vice-président Assimi Goïta a annoncé avoir pris le pouvoir et destitué l’exécutif.
Il s’agit du deuxième coup d’État dans le pays en moins d’un an après celui de 2020, le troisième en dix ans avec la prise de contrôle militaire en 2012, et le cinquième de l’histoire du Mali après les coups d’État de 1991 et de 1968.
Le putsch a lieu dans un contexte de manifestations et de contestations du pouvoir depuis juin 2020. Celles-ci sont menées par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) contre la guerre et des irrégularités supposées lors des élections législatives de mars-avril 2020. Ces manifestations avaient dégénéré à Bamako les 10 et 11 juillet 2020, provoquant 23 morts et plus de 150 blessés selon l’opposition1.
Au moment du coup d’État de l’été 2020, une médiation de plusieurs chefs d’État et de la CEDEAO était en cours pour tenter d’apaiser les tensions politiques2. Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta est renversé par l’armée. Le M5-RFP approuve l’opération de l’armée, estimant que « ce n’est pas un coup d’État militaire mais une insurrection populaire ».
La junte militaire à l’origine du putsch est dirigée par le colonel Assimi Goïta et le colonel-major Ismaël Wagué. Ce dernier a annoncé alors la formation du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et promet d’organiser rapidement des élections.
La junte a proposé une transition de trois ans dirigée par un militaire avec un gouvernement majoritairement militaire6.
De son côté, la CEDEAO a exigé une transition d’un an maximum dirigée par un civil7, ainsi qu’un Premier ministre civil8 et la nomination de l’exécutif transitoire d’ici au 15 septembre. À l’issue des concertations politiques, la durée de la transition est fixée à 18 mois.
En octobre 2020, la CEDEAO lève les sanctions. Le 5 décembre, le Conseil national de la transition est lancé.
Le 13 janvier 2021, la CEDEAO appelle à la dissolution du CNSP, qui est prononcée par décret cinq jours plus tard.
Contesté, le gouvernement Moctar Ouane démissionne début mai 2021.
Le Premier ministre sortant est alors reconduit malgré l’opposition de la junte. ACP