Kinshasa, 05 mai 2022 (ACP).- Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a annoncé l’organisation avant la fin de la session parlementaire en cours, d’une table ronde sur l’avenir de l’état de siège instauré dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, au cours d’une réunion qu’il a présidée mercredi, à la cité de l’Union africaine (UA).
Le but de cette réunion était, selon le porte-parole du gouvernement, le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya, de rendre compte au Chef de l’État, Félix Tshisekedi, de la dernière mission d’évaluation sur terrain, effectuée par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, dans les provinces sous état de siège, accompagné des présidents des caucus des députés nationaux de ces provinces ainsi que du président de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale.
« Un rapport détaillé a été fait au Président de la République », a souligné le ministre Patrick Muyaya, précisant que des propositions concrètes ont été rapportées sur l’avenir de l’état de siège à la lumière de l’expérience vécue, des progrès réalisés, des difficultés rencontrées et de la nécessité d’envisager la sortie programmée de ce régime spécial.
Les participants à cette réunion ont salué l’initiative du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi d’organiser la table ronde sur l’avenir de l’état de siège qu’il a décrété en mai 2021 dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, en proie à l’insécurité causée par la présence des groupes armés et terroristes.
Lors de son dernier passage à Goma, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde avait promis de rapporter au Président Félix Tshisekedi toutes les propositions qu’il aura recueillies auprès des communautés, pour voir la meilleure réponse à la question d’insécurité dans l’Est du pays.
Dans une lettre adressée au Parlement pour l’exhorter à adopter une nouvelle prorogation, le Président Tshisekedi a indiqué que « les opérations engagées par nos forces de défense et de sécurité dans le cadre de la pacification de cette partie du territoire national constituent une dynamique irréversible au regard des défis imposés à la Nation par les forces négatives et face auxquelles le pouvoir public ne peut ni abdiquer ni se résigner ».
Il sied de rappeler que, la 22ème prorogation de l’état de siège a été faite sans la participation des élus de ces deux provinces à la plénière de l’Assemblée nationale. Ces derniers ont boycotté la séance consacrée à l’adoption du projet de loi portant prorogation de l’état de siège, estimant que ceci n’a apporté aucune solution à l’épineuse question de l’insécurité dans leurs provinces.
Des avancées notables à mi-parcours
Dans son bilan à mi-parcours de l’état de siège, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Sylvain Ekenge, avait noté des avancées significatives.
Selon lui, grâce aux opérations militaires menées dans le cadre de l’état de siège, plusieurs centaines de rebelles et combattants ont été neutralisés, une centaine d’autres capturés, plus de deux cents otages libérés et plus de quatre cents armes de tous calibres récupérées.
« Au Grand Nord, 227 terroristes ADF ont été neutralisés pendant l’état de siège, 31 terroristes capturés, 22 rendus. Nous avons libéré 256 otages et mis la main sur 210 collaborateurs des ADF, tous des Congolais. On a également appréhendé 18 motos et 6 véhicules qui servaient au ravitaillement des ADF », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Dans le territoire de Masisi particulièrement, 147 combattants tous groupes armés confondus ont été neutralisés, 88 capturés et 766 se sont rendus. Ils sont à Mubambiro et à Rumangabo, sans compter au Grand Nord ceux qui se sont rendus, à peu près 2.000, et qui sont à Kalunguta. 496 armes de tous calibres ont également été récupérées ».
Tout en reconnaissant les défis qui restent à relever, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu a souligné des avancées notables tant sur le plan économique que sécuritaire avec, notamment la baisse de la criminalité dans la région pendant l’état de siège.
« Il y a diminution sensible de la criminalité due aux motards armés. Sur le plan économique, cette province ne produisait qu’un million de dollars par mois. Mais grâce à l’état de siège nous sommes déjà à deux millions de dollars. »
La mutualisation des forces ougandaises et congolaises a également eu un impact positif dans la traque contre les forces négatives.
Les succès s’enchaînent pour les quelque 1.700 soldats ougandais déployés depuis le 30 novembre 2021 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) pour lutter contre les Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste aux origines ougandaises basée depuis de nombreuses années dans la partie Est de la RDC, et actuellement le groupe armé le plus violent de la région, a noté le général Sylvain Ekenge.
ACP/ZNG/RNL/TKM/SGB/MNI