Kinshasa, 23 mai 2025 (ACP).- La Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a rassuré, jeudi, les officiers supérieurs de la Police nationale congolaise (PNC) de faire du projet de loi de programmation de la réforme, une priorité de cette législature.
«A nos vaillants officiers supérieurs, ici présents, soyez apaisés et rassurés que la Commission Défense et Sécurité prend à bras le corps l’urgence de la réforme de la Police nationale congolaise et en fera sa priorité lors de cette législature», a déclaré le député national Rubens Mikindo, président de la Commission Défense et Sécurité, lors de la clôture d’un atelier.
«Nous tenons absolument à ce que cette loi, non seulement soit votée par le Parlement, mais aussi que ça soit exécuté même à 80%. (…) Nous allons aussi tout faire pour que l’exécutif, si vous voulez, le gouvernement national congolais, puisse exécuter ce projet de loi», a-t-il ajouté.
Le député national Rubens Mikindo a souhaité que les échanges et interactions ayant découlé de cet atelier de renforcement des capacités entre acteurs du secteur de la sécurité, puissent aider à tisser des liens plus étroits et à s’informer mutuellement des rôles et responsabilités respectifs.
Ceci, a-t-il précisé, dans l’objectif de réussir le pari de la mise en œuvre de la réforme de la Police nationale congolaise par l’État, comme premier partenaire, entre autres, au travers de l’adoption et de l’exécution de la loi de programmation de la police.
Nécessité d’un cadre juridique clair
Pour sa part, Mario Caivano, responsable du portefeuille gouvernance à l’Union européenne (UE) a souligné la nécessité d’accompagner la réforme de la PNC d’un cadre juridique clair, soutenu et suivi par la représentation nationale.
«Permettez-moi de souligner un enjeu central de la réforme de la police nationale congolaise. Il est impératif que cette réforme, qui est déjà amorcée, soit accompagnée d’un cadre juridique clair, soutenu et suivi par la représentation nationale. Au-delà de lois et des textes, vous avez un rôle crucial à jouer dans le contrôle de la mise en œuvre effective et dans l’allocation budgétaire appropriée et dans le suivi des engagements qui sont pris», a-t-il indiqué.
A cet effet, le responsable du portefeuille gouvernance à l’UE a expliqué que la loi de programmation de la PNC récemment présentée au Parlement, sera un instrument décisif et devra permettre à la police congolaise de répondre au défi sécuritaire contemporain dans le respect des droits de l’homme et des standards républicains.
«Pour que ces lois portent tous leurs effets, il sera également essentiel de repenser le financement de la sécurité, et cela va rejoindre tous les efforts qui sont entrepris par le gouvernement et par l’administration congolaise de réforme de manière horizontale des finances publiques, qui sont là aussi appuyées par l’Union européenne depuis de nombreuses années», a insisté Mario Caivano.
Le contrôle parlementaire, un devoir constitutionnel et citoyen

Par ailleurs, Fatoumata Diallo, cheffe d’équipe du Centre pour la Gouvernance du secteur de sécurité (DCAF) en RDC, a souligné que cet atelier a démontré, à travers les exercices pratiques, que le contrôle parlementaire ne peut plus être perçu comme une formalité ou une option, mais bien un devoir constitutionnel et citoyen au service de la paix, de la gouvernance sécuritaire, de l’efficacité des forces de défense et de sécurité, et pour le respect de l’Etat de droit.
«La sécurité des citoyens est au cœur du contrat social. Elle ne peut être garantie que si les institutions qui en ont la charge travaillent dans un climat de confiance, de contrôle et de transparence», a-t-elle dit, avant d’ajouter que «le Parlement a un rôle central à jouer pour garantir cet équilibre. C’est pourquoi nous vous encourageons vivement à poursuivre sur cette voie. Vous avez désormais la responsabilité de transformer les acquis de cet atelier en actions concrètes, tant dans vos interventions au sein des commissions de défense et sécurité et PAJ, ainsi que sur le terrain auprès des populations».
«C’est à cette condition que le Parlement pourra pleinement jouer son rôle de garant de la redevabilité et du fonctionnement de l’État», a conclu Fatoumata Diallo.
Cet atelier de renforcement des capacités a été organisé du 20 au 22 mai à Kinshasa par la Commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale, en collaboration avec le Programme d’appui à la Réforme de la Police nationale congolaise (Parp III).
Ces assises de trois jours ont permis de renforcer les capacités des parlementaires et autres acteurs clés de la réforme de la police sur plusieurs thématiques. Il s’agit, entre autres, de la gouvernance et de la réforme du secteur de la sécurité, du contrôle parlementaire du secteur de la sécurité, de la réforme de la PNC et de la Loi de programmation de la réforme de la Police. ACP/ODM