« Nous avons le choix entre repartir à zéro ou consolider les acquis de cet élan progressif en avançant main dans la main avec une vision claire et un but commun vers un avenir où chaque Congolais aura la possibilité de prospérer ».
Plus d’une semaine après, les dernières paroles du discours du Président de la République, mardi 13 novembre au Palais du Peuple, continuent de soulever des interrogations par leur caractère ésotérique pour avoir établi, là où peu l’attendaient, ce lien mystique entre notre passé, notre présent et notre avenir. Mais aussi par l’enthousiasme de la foule exaltée, à la fois dans son appel médianimique à la mobilisation, à l’action et à la projection dans l’avenir.
Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, livrait son dernier discours du quinquennat sur l’état de la nation devant les deux chambres du parlement réunies en congrès. Un exercice qui n’était pas anodin. Les parlementaires ont salué la fin de l’allocution, debout et bruyants, comme un sermon illuminé, applaudissant à tout rompre, conviant du coup à la communion l’ensemble de la nation dans un acte de foi et d’espérance.
Très peu de critiques ont été entendues, quand bien même le bilan déclamé n’a pas rencontré un assentiment unanime et que toutes les sensibilités n’ont pas forcément adhéré aux perspectives pourtant tracées comme des balises lumineuses. Pour autant, le bilan a été exhaustif, puissant, honnête, n’escamotant aucun défi, ne s’autorisant aucune complaisance, loin de verser dans l’autosatisfaction et les dithyrambes louangeuses.
Un exercice de redevabilité qui a eu tout de même le mérite de mettre tout le monde d’accord sur le sens de responsabilité de celui qui devait rendre compte à l’issue d’un mandat qui n’avait épargné aux Congolais ni sueur, ni larmes, blessures ou trahisons.
Les observateurs ont aussi et surtout retenu l’accent mis par le Président de la République à célébrer la nation et à lui rendre sa fierté et ses titres de noblesse, y compris au prix du sang des générations entières de ses enfants.
Plus de vingt ans après, la Monusco et l’EAC auxquelles la RDC dit merci peuvent désormais plier bagages, laissant aux Congolais la charge d’assumer seuls la défense de la patrie face à toutes les menaces. L’armée régulière qui n’a pas fini de monter en puissance s’érige désormais comme la pierre angulaire, le pacte éternel sur lequel est fondée la défense de la nation, quand les wazalendo souvent dénigrés façonnent chaque jour qui passe la vision des phalanges de plus en plus multiples des jeunes patriotes décidés à ne s’épargner aucun sacrifice pour célébrer l’unité nationale, protéger l’intégrité territoriale de la RDC et sa souveraineté, sonner enfin la renaissance d’un pays qui a souvent été traité comme le dernier far west des temps modernes par tous les aventuriers, assassins et pilleurs ayant réussi à prospérer sous le regard incrédule de Dieu !
Le lendemain, comme un signe des temps, cette « remontada » au nom de baptême de « renaissance » a connu une sorte d’apothéose avec le début de la campagne électorale pour des scrutins pour lesquels les oiseaux de mauvaise augure ont décrété qu’ils ne se tiendront jamais. De Kinshasa en passant par le Kongo Central, l’ex-Bandundu, l’ex-Province orientale ou dans le Grand-Kivu, les candidats à la présidentielle mouillent la chemise.
La RDC doit renaître, c’est son droit, c’est sa vocation. L’hymne à la patrie doit retentir pour souder son vouloir vivre ensemble. Une profession de foi et un statut qui ne menacent évidemment personne. Un statut que les élections ne devraient pas bousculer.Juste un rappel des souffrances que ce pays ne cesse d’endurer depuis des décennies sous les yeux tour à tour complices et complaisants de nos amis et partenaires. Notre avenir dépend de notre volonté de vouloir un changement de narratif et de paradigme. L’ultime message est que les Congolais y tiennent. Envers et contre tous.
Bienvenu Bakumanya