Les milieux ecclésiastique et messianique du Congo belge, ferments de l’Indépendance (Pierre Matadi)

Kinshasa, 30 juin 2025(ACP).-Les milieux missionnaires (catholique et protestant) et messianique (Kimbanguisme) ont constitué, au crépuscule de la colonisation belge, des ferments de l’éveil de conscience ayant conduit à l’Indépendance de la République démocratique du Congo, le 30juin 1960.

Fidèles à la trilogie coloniale (Église, Administration et capital), les colons belgesavaient confié prioritairement l’éducation aux prêtres catholiques avec un objectif majeur : une formation limitée en vue de fournir à la hâte une main d’œuvre indigène appelée à accompagner le Blanc dans sa ‘’mission civilisatrice’’.

Surprise : c’est des colonies scolaires et écoles professionnelles de la colonie que germera une génération de Congolais assoiffés du savoir et encadrés pour la plupart par l’élite religieuse locale.

Ce fut le cas d’un groupe de réflexion d’anciens élèves des Pères de Scheut. ‘’Conscience africaine’’ qui avait vu le jour en 1951 autour de l’abbé Joseph Malula (futur Cardinal congolais), à l’époque curé de la paroisse Christ-Roi dans la commune de Dendale (Actuelle Kasa-vubu).

De ce cercle animé par « les évolués » dont Joseph Ileo, Joseph Ngalula et Antoine Ngwanza seront canalisés les  premiers sentiments d’aspiration à l’émacipation.

Cette association des laïcs catholiques a été la première à mettre à jour, en 1956, un programme d’action visant la libération du joug colonial sous l’intitulé « Manifeste de la conscience africaine »’’, publié en réaction au Plan Bilsen qui comptait ramener à 30 ans l’émancipation du Congo belge. 

Ce plan avait pour but de ’’permettre au Congo de devenir un Etat avec des structures politiques solides grâce à la préparation d’une élite et des cadres ayant atteint une certaine maturité politique nécessaire à l’indépendance’’

En réalité, par le biais de ce plan, les Belges visaient la création d’ une « Fédération belgo-congolaise » à travers des institutions politiques communes.

« Un tel plan ne pouvait pas avoir notre sentiment (…) nous ne voulions pas que l’indépendance politique ne soit en réalité qu’un moyen de nous asservir et de nous exploiter », avaient rétorqué les anciens élèves des Scheutistes et concepteurs du Manifeste.

Dans le même cadre, le clergé catholique avait marqué davantage ses distances vis-à-vis du pouvoir colonial à travers la ‘’Déclaration de l’Episcopat du Congo belge et du Rwanda–Urundi’’ en juin 1956.

« Les autochtones ont l’obligation de prendre connaissance de la complexité de leurs responsabilités et de se rendre prêts à les assurer. L’Eglise n’a pas à se prononcer sur les modalités de l’émancipation d’un peuple », avaient conclu les évêques de la colonie.

Le levain kimbanguiste

De son côté, le Kimbanguisme, église messianique africaine (1921) et œuvre du Prophète Simon Kimbangu s’était également illustré sur la voie menant à l’Indépendance du Congo belge.

Ses adeptes prêchaient de N’Kamba, village de Simon Kimbangu, un message fort qui annonçait la démolition de l’architecture coloniale.

« Kimbangu est le prophète des Noirs venu pour les délivrer », disaient-ils, assurant que les Noirs allaient écraser les Blancs et remettre toutes les richesses du pays entre les mains des nationaux.

Le même message était propagé à travers la colonie par des Églises fondées par des disciples de Simon Kimbangu après sa condamnation à la peine de mort commuéeen emprisonnement à vie à Thysville (Mbanza-Ngungu). Il mourut en 1951 à Elisabethville (Lubumbashi).

ACP/

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