Kinshasa, 18 mars 2022 (ACP). – Les réseaux sociaux concurrencent de plus en plus les médias d’information professionnels, indique un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) rendu public vendredi, dans un communiqué.
Ce rapport, réalisé notamment par le Comité pour la protection des journalistes, a examiné les tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias de 2016 à 2021.
Selon le communique de l’UNESCO, cette menace existentielle des réseaux sociaux font désormais peser sur la survie des médias d’information professionnels.
L’agence onusienne a noté que les revenus publicitaires ont notamment migré en grand nombre vers les plateformes Internet.
Il s’agit particulièrement de Google et Meta/Facebook qui absorbent désormais environ la moitié de l’ensemble des dépenses publicitaires numériques mondiales.
Les recettes publicitaires mondiales perçues par les journaux ont diminué de moitié ces cinq dernières années », a précisé le communiqué.
Covid-19 aggrave la crise de l’information
L’UNESCO a souligné aussi que la pandémie de Covid-19 a amplifié les tendances déjà à la baisse des recettes publicitaires, ainsi que les pertes d’emplois et les fermetures de salles de presse.
Selon cette agence onusienne, deux tiers des journalistes sentent que leurs emplois sont plus précaires en raison des pressions économiques liées à la pandémie. Le rapport de l’UNESCO s’appuie sur des données issues de l’International Center for Journalists [Centre international des journalistes].
« En cas de pandémie, le journalisme, en particulier le journalisme d’investigation, est un service de première ligne qui permet de sauver des vies, alors que les fausses informations liées à la pandémie de Covid-19 se sont rapidement répandues sur les réseaux sociaux, les fermetures de salles de presse et les suppressions d’emplois dans ce secteur ont laissé un grand vide dans le paysage médiatique, en particulier dans les pays du Sud », a indiqué en outre le rapport.
L’UNESCO a noté également que trois facteurs contribuent à la violence à l’encontre des journalistes, à savoir l’impunité face aux meurtres, la violence en ligne massive à l’encontre des journalistes ainsi que les attaques menées contre les journalistes couvrant des rassemblements publics, des manifestations et des émeutes.
S’agissant de l’impunité face aux meurtres, de 2016 à fin 2021, l’UNESCO a recensé les meurtres de 455 journalistes, décédés soit en raison de leur travail, soit pendant leur travail.
« Près de neuf meurtres sur dix ne sont toujours pas résolus. À l’échelle mondiale, le taux d’impunité pour les meurtres de journalistes alimente un cycle de violence et a un effet dissuasif sur l’ensemble des journalistes », a précisé le rapport de l’UNESCO.
Concernant la violence en ligne massive à l’encontre des journalistes, l’agence onusienne a signalé que c’est une autre tendance nouvelle et en pleine évolution. Elle touche de manière disproportionnée les femmes journalistes du monde entier. Une étude de l’UNESCO, menée en 2021 a révélé que plus de sept femmes journalistes interrogées sur dix avaient subi des violences en ligne. Un cinquième d’entre elles ont déclaré avoir subi des violences hors ligne en lien avec des menaces en ligne.
Par rapport aux attaques menées contre les journalistes couvrant des rassemblements publics, des manifestations et des émeutes ont également atteint une fréquence inquiétante : de janvier à août 2021, l’UNESCO a recensé de telles attaques dans au moins 60 pays de toutes les régions du monde. Depuis 2015, au moins 13 journalistes ont été tués alors qu’ils couvraient des manifestations.
C’est ainsi que l’UNESCO appelle les gouvernements à prendre des mesures politiques dans trois domaines clés afin de protéger les médias indépendants et la sécurité des journalistes.
ACP/Kayu/RNL/NiG/ MMC/TKM