Kinshasa, 20 juin 2024 (ACP).- Le conflit entre l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide a fait plonger le Soudan dans sa pire crise humanitaire depuis des décennies, a-t-on appris jeudi de source humanitaire citée par les médias internationaux.
«Le Soudan est marqué par l’une des pires crises que le monde ait connues depuis des décennies et la réponse humanitaire est profondément inadéquate. Il y a des niveaux extrêmes de souffrance à travers le pays et les besoins grandissent de jour en jour», a déclaré Christos Christou, président international de l’ONG Médecins sans frontières.
La guerre au Soudan a éclaté en avril 2023 entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide de l’ancien adjoint de ce dernier, le général Mohammed Hamdan Daglo.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l’ONU.
Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, pour avoir notamment visé délibérément des civils, bombardé des zones habitées et bloqué l’aide humanitaire, malgré la menace de famine qui pèse sur des millions de Soudanais.
Des groupes de défense des droits humains ainsi que les Etats-Unis ont aussi accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé la semaine dernière une aide d’urgence de 315 millions de dollars pour le Soudan et appelé les deux camps à permettre l’accès à l’aide humanitaire, en prévenant que le pays était menacé d’une famine d’une ampleur historique.
L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé que la faim au Soudan pourrait atteindre des niveaux jamais vus depuis la famine en Ethiopie au début des années 1980, qui avait fait 1,2 million de morts.
« Nous avons vu des projections de mortalité selon lesquelles plus de 2,5 millions de personnes – environ 15 % de la population – au Darfour et au Kordofan, les régions les plus durement touchées, pourraient mourir d’ici la fin du mois de septembre », a-t-elle prévenu.
«Il s’agit de la plus grande crise humanitaire de la planète, et elle menace encore de s’aggraver à l’approche de la saison des pluies », a ajouté la diplomate. ACP/