Kinshasa, 04 juin 2021 (ACP).- Une branche de l’Etat islamique est en voie de supplanter Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, a-t-on appris vendredi des médias étrangers. Dans la région du lac Tchad, deux groupes jihadistes rivaux se partagent de larges pans du territoire et la branche du groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, marque un tournant majeur dans ce conflit vieux de douze ans.
La rivalité qu’il entretenait avec l’ancienne secte islamiste de Boko Haram s’est exacerbée depuis plusieurs années, et affaiblissait les deux groupes. Mais l’Iswap, qui était déjà devenu le groupe dominant, semble avoir pris un contrôle clair et étendu sur la région.
Il y a deux semaines, cette branche de l’EI a lancé une opération sur les terres de Boko Haram, dans la forêt de Sambisa et ses combattants ont encerclé la maison de son chef historique.
Abubakar Shekau a été grièvement blessé dans des combats, selon des sources proches des services de renseignement. Les médias nigérians ont d’ailleurs affirmé qu’il avait été tué ou se serait suicidé en se faisant exploser. Même si ces éléments sont flous et que pour l’instant, aucun des deux groupes jihadistes n’a annoncé officiellement son décès, il est certain néanmoins que les combats entre les deux groupes rivaux se sont intensifiés. L’Iswap a exécuté au moins dix commandants de Boko Haram, tandis que trente autres membres éminents de l’organisation l’ont rejoint, selon des sources proches des renseignements et des habitants de la région. Selon des sources sécuritaires, le groupe a également renommé comme commandant dans la forêt de Sambisa, Abu Mus’ab Al-Barnawi, le fils du fondateur de Boko Haram, Mohammed Yusuf, qui avait déjà été choisi par l’EI en 2016 pour diriger le mouvement jihadiste dans la région.
Cette montée en puissance et cette réorganisation apparente du groupe est extrêmement inquiétante, car elle signifie que l’Iswap dispose désormais d’une plus grande partie du territoire, mais aussi de plus de combattants et d’armes à disposition. Dans la région du lac Tchad, l’Iswap a effectivement envoyé un message aux habitants pour leur dire qu’ils étaient les bienvenus au sein de leur califat autoproclamé, atteste un pêcheur de Baga, localité sur les rives du lac Tchad. Les combattants ont également affirmé vouloir « en finir avec Boko Haram, pour ensuite se tourner vers les soldats nigérians« , ajoute-t-il. « Ils ne veulent pas avoir à combattre sur deux fronts en même temps ».
Outre la forêt de Sambisa, le groupe Boko Haram dispose d’importants bastions de part et d’autre de la frontière avec le Cameroun à Gwoza, Pulka, et dans les montagnes de Mandara, ainsi qu’au Niger. ACP/Fng/nig