Liberté de la presse : un « pas de géant » dans le pluralisme médiatique en RDC(Par Joseph Kimba)

Kinshasa, 1er mai 2025 (ACP).-La République démocratique du Congo(RDC), à l’instar d’autres pays du monde, commémore, samedi 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse placée sous le thème « Informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté et les médias ».

Un thème qui démontre à suffisance l’énormité de la tâche pour les chevaliers de la plume qui courent chaque fois beaucoup de risques, jusqu’à la perte de leur vie, pour informer des millions des gens.

Plusieurs d’entre eux meurent chaque année pour leur noble profession, surtout en temps de guerre, comme c’est le cas actuellement dans le conflit Israël-Hamas dans la bande de Gaza.

Instituée en 1993 en application des recommandations adoptées lors de la 26ème session de la conférence générale de l’Unesco (1991), cette journée de 3 mai, célébrée chaque année, constitue aussi une réponse à l’appel des journalistes africains qui, en 1991, avaient proclamé la Déclaration de Windhoek (Namibie) sur le pluralisme et l’indépendance des médias en Afrique.

 La commémoration du 3 mai renforce le droit d’informer les citoyens du monde entier sur les atteintes portées à la liberté de la presse. On note, à ce sujet, actuellement que dans de nombreux pays, des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement n’ont plus le droit de paraître alors que des journalistes et des éditeurs sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués.

Elle rappelle également aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse et aux professionnels des médias leurs obligations d’exercer leur métier dans le strict respect des lois et de la déontologie.

Le combat pour la liberté de la presse n’est pas récent. Il tire ses origines dans les temps anciens. Déjà, au 17ème siècle, en France du temps de Louis XIV surnommé « Roi Soleil », son collaborateur immédiat Richelieu reconnaissait l’importance de l’accès à l’information et la nécessité de sa publication sans entrave au profit des citoyens.

Depuis lors, ce combat est resté un processus permanent pour lequel travaille l’Unesco depuis sa création en 1949, et qui s’est imposé au fil des ans, comme une des principales forces mondiales pour la promotion de cette liberté de la presse, son indépendance et son pluralisme.

Son principal programme dans ce domaine vise à promouvoir la libre circulation de l’information et à renforcer les capacités des pays en développement en matière de communication.

Avancée significative en RDC 

Dans ce domaine de l’indépendance et du pluralisme des médias, la RDC a marqué un pas considéré aujourd’hui comme un pas de géant. En effet, l’évolution de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle, est satisfaisante depuis l’ouverture du pluralisme politique, il y a plus de trois décennies.

Les titres de publication se sont multipliés à un rythme accéléré se chiffrant à des centaines dans un environnement de la liberté de la presse jugée quand même acceptable, sans oublier le développement du secteur audiovisuel.

Toutefois, sur une multitude des journaux quotidiens, hebdomadaires ou bihebdomadaires, une vingtaine, voire une dizaine seulement à peine, connaissent une parution régulière avec de très faibles taux de tirage, de diffusion et de vente.

Malgré leurs ambitions nationales de couvrir tout le territoire national, ils se heurtent à des difficultés d’ordre financier et aux contraintes de récolte et de diffusion de l’information, du fait qu’ils sont largement tributaires de moyens de communication défaillants.

Ces journaux qui n’ont ni financement de la part des investisseurs, ni subvention de l’Etat, ni abonnements conséquents, ni publicité, celle du secteur privé allant à l’audiovisuel qu’adore le public, sont surtout concentrés dans Kinshasa, la capitale.

Les chaînes de radio et de télévision  émettent dans des rayons limités avec le risque pour le public d’avoir des informations erronées en recourant aux réseaux sociaux qui se développent de plus en plus dans le pays où la radio assure seule la couverture nationale.

Le journaliste congolais, en dépit de tous les obstacles de tous genres pour accéder facilement aux sources d’informations fiables et crédibles, fait son travail de manière professionnelle, mais soumis à un phénomène avilissant communément appelé « coupage » qui gangrène la presse congolaise.

Celui-ci consiste, pour le journaliste, à recevoir de l’argent en vue de la publication d’une information partisane ou des frais de diffusion à la radio et à la télévision à l’issue d’une interview ou des manifestations publiques, tout simplement, parce que ce chevalier de la plume, mal payé par son patron, ne parvient pas à nouer les deux bouts du mois.

Les pouvoirs publics sont appelés à se pencher sur la question pour préserver l’honneur et la dignité du journaliste dans l’exercice de sa profession. ACP/C.L.

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