L’urbanisation anarchique, principale cause des inondations à Kinshasa (Un scientifique)

Kinshasa, 16 avril 2025 (ACP).- Un scientifique a alerté mercredi, lors d’un entretien, sur l’urbanisation anarchique de la ville de Kinshasa, comme cause première des inondations qu’a récemment connu la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

« Sans négliger les eaux des pluies locales et celles apportées par le fleuve Congo, la principale cause des inondations est, sans conteste, l’urbanisation anarchique », a déclaré Antony Kikufi, chef de travaux à l’Université de Kinshasa (Unikin)

Pour cet universitaire, cette urbanisation anarchique est caractérisée par quatre (4) éléments qu’il a développés.

Il s’agit d’abord de l’occupation anarchique des zones de collines et de zones inondables jouxtant les rivières dans le relief de Kinshasa, où les habitations sont construites dans les lits majeurs des rivières.

« La population a dégradé la couverture végétale qui joue plusieurs rôles lorsqu’il y a précipitation. Les feuilles freinent la chute brutale des gouttelettes puis les canalisent dans les zones de racines. Ces feuilles mortes forment un filtre naturel des eaux de pluies polluées dans l’air », a-t-il expliqué.

Et de continuer : « Il y a aussi la non prise en compte de l’accroissement du débit de ruissellement actuel dans le dimensionnement des collecteurs des eaux usées dans la ville de Kinshasa, au regard de l’accroissement démographique spectaculaire de la capitale, par ce qu’il faut toujours tenir compte de la quantité d’eau qui est générée par les habitants pour dimensionner les caniveaux ».

Le troisième élément est, selon lui, l’absence d’un véritable système de gestion des déchets urbains pour la ville de Kinshasa, avec l’incivisme écologique de la part des citoyens, tout le monde ou presque déversant ses déchets dans les caniveaux, dans les rivières et jusqu’au fleuve, polluant ainsi les écosystèmes aquatiques.

Enfin, le quatrième élément est la destruction de la couverture végétale protégeant les surfaces de ruissellement et d’infiltration.

« Pour les colons belges, la ville de Kinshasa n’allait s’étendre que de la commune de la Gombe vers le quartier urbano rural  Maluku, dans la commune de Nsele. Mais, après l’indépendance en 1960, nous avons occupé les autres parties qui n’étaient pas réservées à l’élargissement de la ville, notamment la partie des collines », a-t-il déploré.

Tenant compte de ces quatre éléments, Antony Kikufi a alerté que « les inondations récurrentes à Kinshasa vont provoquer de gîtes larvaires, la pullulation de certains vecteurs de maladies; en plus, les éco-refugiés peuvent provoquer de tensions dans leurs sites d’hébergement » dues notamment à la promiscuité et la dispute des lieux d’aisance.

« En tant qu’enseignant-chercheur en écologie végétale à la faculté des Sciences, lorsqu’on regarde les scénarii hydroélectriques actuels dans la capitale, tout porte à croire que le pire reste à venir au site de Kinshasa », a-t-il alerté.

Notons que le site de la ville-province de Kinshasa se trouve dans une zone tropicale humide à forte pluviosité. Le 17 décembre 1961, Kinshasa avait enregistré une crue exceptionnelle qui avait provoqué l’élévation des eaux du fleuve Congo jusqu’à 6,26 mètres atteignant le boulevard du 30 juin et l’avenue du Drapeau (ex-Flambeau). Le 18 décembre 2019, on a enregistré une autre crue de 5,86 mètres dont les dégâts ont affecté la Cité du fleuve, dans la commune de Limete et le pont reliant la carrière dite de Ledya, dans la commune de Ngaliema.

ACP/C.L.

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