Kinshasa, 05 mars 2023 (ACP).- La République démocratique du Congo (RDC) doit être exemptée des pillages, de la balkanisation et des guerres, a déclaré samedi le président français Emmanuel Macron, dans une conférence de presse conjointe tenue au Palais de la nation, avec son homologue Félix Tshisekedi, a constaté l’ACP.
« La République démocratique du Congo ne doit pas être un butin de guerre. Le pillage à ciel ouvert de la République démocratique du Congo doit cesser. Ni pillages, ni balkanisation, ni guerres ! », a lancé le président Macron, dans la capitale congolaise, dernière étape de la tournée l’ayant conduit au Gabon, en Angola et au Congo-Brazzaville.
« Je dirai avec clarté que comme nous voyons la situation aujourd’hui, nous condamnons toutes formes de pillages, de balkanisation et menaces de la souveraineté. Je suis prêt à ouvrir tous les dossiers qui soient, je le fais avec le Rwanda si c’est le souhait du Président Tshisekedi, je suis totalement favorable à ce qu’une commission d’historiens puisse assigner les responsabilités aux uns et aux autres », a souligné le Chef d’Etat français.
Emmanuel Macron a rappelé les liens entre son pays et la RDC, précisant que « la France est alliée de la RDC et qu’elle continuera de l’être ». Il a également évoqué l’impunité observée face aux crimes et violences perpétrés au Congo- Kinshasa, et encouragé l’initiative de ses autorités de mettre en place une justice transitionnelle.
« Pour la France, la justice transitionnelle est la clé, certains des coupables ne sont pas parfois jugés, ils évoluent encore dans les postes de responsabilité », a-t-il déploré.
Situation inacceptable
« Mais très clairement, cette situation a pris un cours inacceptable. Oui, pour faire la vérité sur l’histoire, non pour prendre tous les fardeaux. Et si on est clair, soyons clairs jusqu’au bout, y compris les responsabilités congolaises et celles de la sous-région », a-t-il cependant martelé.
Enfin, le président Macron a invité les autorités congolaises à prendre à bras-le-corps la question sécuritaire et les tensions du voisinage.
« Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité de l’Etat dans tout le territoire, faites passez la justice transitionnelle pour que vous n’ayiez pas de coupables de guerre encore en responsabilité sur le terrain. Soyez intraitables avec tous les voisins de la région quand ils viennent vous piller, et nous serons de votre côté », a conseillé le président français.
Côté humanitaire, Macron a rassuré que la France sera aux premières loges des États répondront à l’urgence humanitaire lancée par les Nations unies en faveur de plus de 500.000 déplacés dans l’Est de la RDC, avec une enveloppe de 34 millions d’Euros.
Parlant de la coopération RDC-France, le Président Macron a soutenu que d’autres partenariats sont prévus, notamment dans les domaines militaire, économique et culturel, mais aussi celui de la recherche scientifique et technologique.
Des pistes pour une coopération RDC-France encore plus importante

De son côté, le Président Félix Tshisekedi a indiqué qu’à l’issue des entretiens avec son homologue français, des pistes ont été tracées, en vue d’une coopération encore plus importante entre leurs pays respectifs.
« Les relations entre la RDC et la République française sont au beau fixe, et après la discussion que nous avons eue, je peux dire que nous avons tracé les pistes d’une coopération encore plus importante », a-t-il dit.
Félix Tshisekedi a rappelé, quant à la situation préoccupante liée à l’insécurité dans l’Est de la RDC, les différentes étapes du processus de paix engrangé, sous la médiation de Luanda, avec « des résolutions restées lettres mortes jusque-là » et qui, selon lui, « n’ont abouti à rien pendant que les terroristes du M23 continuent leur évasion et tuent ».
Coopération entre partenaires
« Le président Macron a dernièrement esquissé les grandes lignes de sa vision pour la nouvelle politique française en Afrique. Je l’encourage à ce sujet, parce que j’estime que la Francafrique est dépassée, et que si la France veut être aujourd’hui en compétition avec tous les autres partenaires de l’Afrique, elle doit se mettre au diapason de la politique africaine par rapport à ce que les peuples africains veulent(…) », a-t-il fait entendre.
Félix Tshisekedi a également précisé que lors de leur tête-à-tête, plusieurs points ont été abordés, notamment ceux relatifs aux échanges économiques entre les deux pays, ainsi qu’à la gestion des forêts.
« Comme vous le savez, aujourd’hui notre forêt est le premier poumon de l’humanité, et un atout formidable pour la lutte que nous menons contre le réchauffement climatique. Là aussi nous avons développé une série d’idées importantes et nous sommes arrivés aussi à des conclusions importantes », a fait savoir Félix Tshisekedi.
« J’ai eu le plaisir de constater l’engouement certain de la part de la France à vouloir aussi s’engager dans cette compétition, dans les affaires en RDC, dans un partenariat que nous voulons gagnant-gagnant », a-t-il dit par ailleurs, évoquant le nouveau partenariat économique en vue.
Félix Tshisekedi a enfin dit son intention de voir les opérations d’enregistrement des électeurs couvrir toute l’étendue du pays. D’où la nécessité pour la communauté internationale, a-t-il estimé, d’œuvrer en faveur d’un retour définitif de la paix dans l’Est du pays, afin de permettre à la CENI de déployer ses kits dans la partie concernée par le terrorisme du M23 appuyé par le Rwanda.
ACP/