Kinshasa, 30 août 2020 (ACP).- La question de la transition était samedi au centre des discussions de la visioconférence des chefs d’État de la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest) tenue vendredi samedi 28 août, ont annoncé samedi les médias internationaux, ajoutant que cela constitue un bon point pour la junte après la libération du président renversé tout en prenant acte de la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Cependant, les chefs d’État de la Cédéao demandent aux militaires de revoir leur copie sur la question de la transition envisagée de trois ans, et un militaire pour la diriger, précisant que les sanctions ne sont donc pas levées pour le moment, indiquent les mêmes sources.
Les militaires qui ont pris le pouvoir à Bamako proposent en effet deux à trois ans pour la transition afin de terminer le quinquennat du président renversé. La junte malienne veut diriger cette transition avec un gouvernement composé de civils et de militaires.
Selon Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Cédéao : « Il y a une règle au sein de l’institution qui insiste : la transition en cas de coup d’État ne doit pas dépasser douze mois». Il poursuit : «Une autre règle exige que le président de la transition soit un civil, tout comme le Premier ministre, mais ne soit pas candidat à la présidentielle ».
Les observateurs notent que le ton est ferme. En attendant, les sanctions sont maintenues. Jusqu’à nouvel ordre, les frontières de la Cédéao avec le Mali restent fermées et les transactions économiques et financières sont toujours bloquées. Mais appliquer les textes, insiste l’institution sous-régionale, ne signifie pas asphyxier le Mali.
Ces sanctions pourront être levées «progressivement », indique le communiqué final, à condition que les putschistes démontrent leur bonne volonté et s’appliquent à quitter le pouvoir afin de mettre en place une transition civile. La junte sera jugée sur ses actes et il y aura une évaluation de la situation d’ici le 7 septembre, date du prochain sommet des chefs d’État de la Cédéao à Niamey, au Niger.
Les militaires n’ont pas donc obtenu gain de cause. Ils souhaitaient pourtant la levée des mesures de la Cédéao et avaient renouvelé leur demande à plusieurs reprises.
Le CNSP a en effet convié toutes les forces vives maliennes pour, justement, «échanger sur la mise en place de la transition.» Organisations de la société civile, partis politiques de l’opposition comme de la majorité du président renversé Ibrahim Boubacar Keita, mais aussi «partis politiques du centre» et «non alignés». Les mouvements signataires de l’accord de paix conclu en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du Mali prennent également part aux discussions.
On estime qu’à court terme, ces sanctions pourraient empêcher le paiement des fonctionnaires qui est déjà en retard, et elles pourraient entrainer une récession de l’économie malienne, déjà en difficulté à cause de la crise du coronavirus. Alors qu’avant le coup d’État, les prévisions de croissance étaient passées d’environ 5% à moins de 1%. ACP/CL/Fmb