Kinshasa, 27 septembre 2023 (ACP).- L’effectivité de la lutte contre la corruption dans les provinces de la République démocratique du Congo, dans le secteur minier, inquiète les autorités, a fait remarquer la ministre de la Justice, à la 7éme édition de l’alternative Mining Indaba, a appris mercredi l’ACP de source officielle.
« Des éléments de corruption sont visibles dans nos communautés et même auprès de différentes autorités. Nous avons remarqué que ces infractions, si les cours et tribunaux les traitent, la majorité des dossiers se terminent soit par un classement sans suite, par des dossiers des éléments non établis. Alors que les faits portés à la connaissance des juges prouvent à suffisance qu’il y a eu corruption. Cette question pose un problème et interpelle plus d’une personne », a déclaré Rose Mutombo, ministre de la Justice.
« Il est important que le pouvoir judiciaire puisse réellement traiter ces dossiers pour que la corruption qui gangrène notre société, trouve des réponses », a-t-elle poursuivi, avant de renchérir en ces termes : « Nous ne pouvons y arriver qu’avec le concours des magistrats. Il faut mettre en place des mécanismes qui feront que lorsque devant les cours et tribunaux, il n’y ait aucun dossier, aucune sanction et pas de récupérations des biens volés ».
La ministre Rose Mutombo a fait savoir que des équipes de son ministère ont été déployées dans six provinces dont Kongo Central, Haut-Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kasaï et Kasaï Central du 13 août au 3 septembre dernier pour faire le constat devant les Cours et Tribunaux sur les infractions qui entrent en ligne de compte en matière de lutte contre la corruption, et qui sont portées devant le juge. Aucun dossier n’a été porté devant les cours et tribunaux, d’après ce constat.
« Vous serez peut-être étonnés. Jusque-là, le pourcentage dans les six provinces, nous sommes presqu’à 0 % saisine. Et pourtant, nous savons tous qu’il y a la corruption », a-t-elle dit, avant de poursuivre en ces termes : « J’ose croire que le travail que nous avons déjà commencé dans les six provinces pourra continuer pour nous permettre à sensibiliser le pouvoir judiciaire dans le cadre de concertation pour que les différents dossiers qui sont devant les Cours et Tribunaux trouvent une suite favorable à cette lutte ».
Redynamisation de la Commission de gestion des biens saisis et confisqués
Par ailleurs, la ministre de la Justice a annoncé la redynamisation de la Commission de gestion des biens saisis et confisqués (COJESBICO).
« Au niveau de mon ministère, je suis en train de redynamiser la Commission de gestion des biens saisis et confisqués pour que cette structure qui est importante fonctionne normalement puisqu’aujourd’hui nous assistons à des biens qui sont saisis et qui disparaissent soit par la volonté des gardiens soit par la complicité de la police, de l’armée ou derrière des autorités qui sont derrière ces biens », a dit Rose Mutombo.
Elle a également indiqué que pour lutter contre la corruption, il faut des efforts et de la part de la population et de ceux qui doivent dire le droit.
« Nous les autorités politiques devrions mettre ensemble une synergie pour qu’on aboutisse à un changement », a fait savoir la ministre de la Justice, avant de déplorer que c’est un monde où la mafia s’est installée.
« Nous avons besoin de tous pour lutter contre la corruption pour qu’ensemble, nous puissions développer notre pays », a-t-elle dit.
Appel à la documentation de pillage des ressources naturelles du Congo
Pour des crimes liés à l’exploitation minière, Rose Mutombo a appelé les activistes des droits de l’homme qui travaillent dans ce domaine de documenter le pillage des ressources naturelles de la RDC.
« Nous avons la guerre à l’Est du pays, mais il y a peu d’organisation qui documentent le pillage de nos ressources naturelles. La majorité des ONG dénoncent mais dénoncer ne suffit pas mais elles doivent faire le monitoring pour avoir plus d’éléments puisque c’est la situation dans laquelle on se retrouvait devant la CPI », a-t-elle dit.
La RDC avait trouvé bénéfice par rapport à l’exploitation minière dans le dossier contre l’Ouganda devant la Cour Internationale de Justice à l’exploitation des ressources minières. Il y a une quotité qui revient à la République pour le pillage des ressources naturelles et minières. ACP/