Kinshasa, 30 décembre 2021 (ACP).- La représentante du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, a expliqué, jeudi, les prescrits de la collaboration entre le gouvernement et la MONUSCO, au cours d’un briefing de presse conjoint avec le ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe.
Pour la cheffe de la mission onusienne, cette rencontre, au-delà d’un simple exercice de communication, démontre que la MONUSCO et les Nations Unies dans leur ensemble, sont bien les partenaires des autorités congolaises et s’inscrivent dans une logique d’appui et de soutien à tous les efforts entrepris pour ramener la paix et la sécurité sur tout le territoire de la RDC.
« J’ai été bouleversée par l’attaque à la bombe qui a eu lieu à Beni le jour de Noël et je réitère mes condoléances les plus sincères aux familles des victimes. La MONUSCO a immédiatement renforcé ses patrouilles de nuit dans la ville, mobilisant ses policiers et ses militaires, et le Service anti-mines des Nations Unies s’est rendu sur place, aux côtés de la Police nationale congolaise (PNC), pour soutenir l’enquête », a-t-elle dit.
Et d’ajouter : « Je suis pleinement consciente que cette nouvelle tragédie ne fait qu’ajouter aux souffrances des populations de l’est de la RDC. Nous continuerons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir votre armée, y compris par des opérations offensives conjointes FARDC-MONUSCO contre les groupes armés les plus violents et les plus barbares, en particulier les ADF et la CODECO. Ces opérations ont commencé et vont se poursuivre : c’est le sens de la collaboration renforcée que nous avons avec votre armée», a-t-elle affirmé.
Elle a également souligné que la MONUSCO est prête à compléter les efforts faits par les forces de sécurité congolaises dans le cadre de ses opérations conjointes avec l’armée ougandaise, pour une mutualisation des efforts efficace et coordonnée .
Cette année, a indiqué Mme Bintou Keita, a aussi été marquée par deux évènements majeurs, à savoir : la persistance de la pandémie de COVID-19, aux conséquences certaines sur la vie des Congolais et le contexte socio-économique national et mondial, ainsi que l’éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai.
La MONUSCO a mobilisé ses hélicoptères pour surveiller l’évolution de l’éruption et ses troupes ont aidé à sécuriser la ville, tandis que les agences des Nations Unies, avec tous leurs moyens, se sont tenues auprès des autorités et de la population de Goma dans une période de crise majeure.
Un appel pour le bannissement des violences intercommunautaires dans l’Est de la RDC
La cheffe de la MONUSCO a, par ailleurs, lancé un appel pour bannir les violences intercommunautaires au sein des populations de l’Est de la RDC : « je me dois ici de lancer un appel à toutes les communautés de la RDC, à toutes les bonnes volontés. Les violences intracommunautaires sont aussi la source des malheurs de la population de l’Est. Je pense par exemple aux 70.000 personnes qui vivent sous la protection des Casques bleus à Roe en Ituri, ainsi qu’aux dizaines de milliers sur les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu ».
Chaque Congolaise et chaque Congolais, a-t-elle souhaité, doit choisir sans ambiguïté la paix et la construction d’une société où les conflits, les éventuels différends, trouvent une résolution pacifique, basée sur l’Etat de droit, avant d’exprimer ses inquiétudes au sujet notamment de la prolifération de fausses informations et de messages de haine intercommunautaire, en particulier sur les réseaux sociaux, une tendance contre laquelle la presse a un rôle essentiel à jouer.
Elle a également fait savoir que la MONUSCO continue de soutenir toutes les organisations, tous les individus, les autorités locales, leaders communautaires, chefs coutumiers, femmes et jeunes, engagés pour la paix et la stabilité.
« Car ce sont les communautés elles-mêmes, les Congolaises et les Congolais eux-mêmes, qui ont les clefs de la paix », a-t-elle soutenu.
Des critiques formulées contre la mission onusienne
« j’entends souvent que la MONUSCO travaille à justifier sa présence sur le sol congolais : rien n’est plus faux. Personne, et certainement pas moi ni votre gouvernement, ne peut se satisfaire de la présence prolongée de militaires étrangers sur le sol congolais, même si elle continue d’être nécessaire, et au-delà, de la dépendance de la RDC à l’aide humanitaire et internationale », a fait savoir Mme Bintou Keita.
A ce propos, elle a dit, « je respecte pleinement le droit de chacun de critiquer la Mission. Mais je souhaite de tout cœur que l’on puisse changer le narratif habituel et convenu sur notre travail, qui rejaillit aussi négativement sur les progrès qui ont été faits par votre pays : la reconstruction de l’Etat avance, la violence des groupes armés ne touche plus que 10% des territoires du pays, les processus démocratiques et électoraux, toujours fragiles, se renforcent, les forces de sécurité nationales gagnent en compétence et en efficacité, et la promotion et la défense des droits de l’homme trouvent un écho grandissant grâce à une société civile vive et constructive ».
Néanmoins, pour partir de manière responsable et durable, a-t-elle affirmé, il nous reste un travail à finir, conformément à la volonté du Conseil de sécurité des Nations Unies et de vos autorités. Il nous faut continuer à consolider l’autorité de l’Etat sur la totalité du territoire national et créer un environnement protecteur pour la population.
La RDC qui ne demande qu’à briller et qu’à s’assumer pleinement dans tous les domaines pour devenir un moteur en Afrique peut compter sur les Nations Unies pour l’accompagner, aujourd’hui et demain, sur le chemin de la paix, de la prospérité et du développement, a conclu Mme Bintou Keita.
Pour le porte-parole du gouvernement, le nouveau mandat de la MONUSCO renouvelé avec la résolution 2612, adopté au mois de décembre courant, a salué les efforts du gouvernement.
Il s’agit notamment de la volonté politique nécessaire pour assurer la promotion des droits de l’homme, de consolider la démocratie, de rétablir l’autorité de l’Etat.
« Lorsqu’on parle de la RDC, même de la MONUSCO, on nous regarde sous le prisme de ce qui ne marche pas, mais il y a des progrès qui sont accomplis », a dit le ministre Muyaya.
L’exposé de la cheffe de la MONUSCO a été suivi par un échange enrichissant marqué par des interventions ponctuelles du ministre Muyaya qui a profité de cette occasion pour présenter ses vœux les meilleurs pour l’année 2022 à toute la famille communicationnelle
ACP/Lys