Kinshasa, 28 juillet 2024 (ACP).- Des activités non sportives dans les stades des Martyrs et Tata Raphael à Kinshasa, ont été provisoirement suspendues par une décision du Gouvernement de la République démocratique du Congo, prise dimanche, au cours d’une réunion de crise après des morts enregistrés samedi, lors d’un concert gospel.
« Notre priorité est de sécuriser nos populations. Nous ne pouvons tolérer que des événements festifs mettent en danger la vie de nos concitoyens. Provisoirement, toutes ces activités sont suspendues. Les organisateurs devront envisager d’autres lieux plus sécurisés pour leurs événements. En attendant, ces deux sites (Stades des Martyrs et Tata Raphaël) sont interdits pour ce type d’activités », a annoncé Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur.
« C’est vrai que c’est les vacances, nos enfants ont besoin de se divertir, mais (…) ces deux lieux, d’après certains rapports, sont des lieux à risque pour de telles activités, cela est suspendu et ça sera respecté », a-t-il dit à l’issue d’une réunion convoquée dimanche sur instruction de la Première ministre Judith Suminwa, pour élucider les circonstances ayant causé la mort de neuf (9) personnes lors du concert du chanteur gospel Mike Kalambay au Stade des Martyrs de l’indépendance.
D’après le vice-Premier ministre Jacquemain Shabani, cette mesure est prise pour préserver la population de tout ce qui peut mettre sa vie en danger.
« Nous avons pour première responsabilité de sécuriser la population, donc nous ne pouvons pas arriver à comprendre et à considérer que des organisations festives s’organisent, aussi longtemps que des vies humaines, les vies de nos concitoyens, de nos populations et de nos enfants soient mises en danger », a-t-il renchéri avant d’inviter les producteurs des spectacles à trouver d’autres sites où organiser leurs activités.
S’agissant des causes de la mort des spectateurs au concert de Mike Kalambay, Jacquemain Shabani a fait savoir que les enquêtes ont débuté dès la fin du spectacle, avant de rassurer que le Gouvernement suit de près ces investigations afin de faire la lumière sur ces pertes en vies humaines.
« Tous les services qui étaient là nous ont fait un rapport verbal sur la situation, ce qui va nous permettre nous aussi de faire rapport à l’autorité. Mais tous ont été mis à disposition de l’enquête ouverte depuis hier et nous pouvons vous rassurer que nous allons suivre tout cela de très près avec le ministre d’Etat à la justice, pour que dans un délai le plus bref les responsabilités tant civiles que pénales soient établies et que justice soit faite », a-t-il souligné.
Quant à la prise en charge des victimes, le vice-Premier ministre a encore rassuré : « Nous avons responsabilisé le gouverneur de la ville avec madame la ministre des Affaires sociales pour s’occuper des victimes et faire la suite, parce qu’on a enregistré au cours de cette réunion malheureusement 9 morts et plusieurs blessés. Donc il va falloir rapidement les identifier et se rassurer qu’il y a une prise en charge nécessaire ».
Selon Jacquemain Shabani, la responsabilité incombe aux organisateurs de ce concert qui devront prendre en charge les victimes, et le Gouvernement viendra en appui.
« Ils (les ministres concernés) le feront en accompagnement des organisateurs de l’évènement qui nous ont rassuré, nonobstant ce que vont nous dire les enquêtes. Ils avaient souscrit à une assurance et donc, qu’ils prennent en charge ces victimes parce que cela doit se faire selon les normes », a dit en substance le vice-Premier ministre de l’Intérieur.
Envisager une réglementation pour des activités culturelles
Les membres du Gouvernement conviés à cette réunion de crise ont, par ailleurs, pris l’engagement de règlementer la tenue des manifestations culturelles sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.
« Nous avons aussi pris l’engagement de veiller à ce que la règlementation sur ce type d’évènement soit renforcée. Et ça c’est le travail du gouvernement », a déclaré le vice-Premier ministre Shabani.
De son coté, Yolande Elebe, ministre de la Culture et arts, a soutenu la nécessité de mettre en place cette réglementation pour assurer la sécurité de tous et des lieux où sont organisées ces activités.
«Il est temps de mettre en place une réglementation claire et stricte avant d’obtenir l’autorisation d’organiser ce type de manifestations culturelles. Pour ce genre d’événements, il y a des cases à remplir. Et si les cases ne sont pas cochées, l’événement ne sera pas organisé. Parmi ces cases à cocher : la première, c’est la sécurité, la deuxième, c’est l’assurance, la sécurité, c’est aussi sanitaire », a-t-elle indiqué à l’issue de sa visite au centre hospitalier Vijana dans la commune de Lingwala, au centre de la capitale congolaise, où elle a été s’enquérir de la situation des victimes des bousculades au concert gospel de Mike Kalambayi.
Mme Elebe, qui a également pris part à la réunion de crise, s’est appesantie sur les conditions à remplir pour obtenir l’autorisation d’organiser une activité culturelle de grande envergure.
« Il est important de respecter certaines conditions pour les événements attirant de grandes foules, notamment la souscription à une assurance, ainsi que la collaboration avec les services de santé et de sécurité compétents, pour garantir une prise en charge adéquate et sécuritaire pendant les manifestations culturelles », a préconisé la ministre, avant d’exhorter les organisateurs de spectacles à prendre des mesures nécessaires pour garantir la sécurité lors des événements culturels, afin d’éviter des conséquences tragiques.
La ministre de la culture a été le premier membre du gouvernement à se rendre au centre médical Vijana avant l’arrivée de son collègue de la Santé publique. Les deux autorités ont échangé avec le personnel médical et les familles des victimes.
Associer le personnel de santé
La non-implication du personnel de santé dans l’organisation des manifestations de masse a été déplorée après les évènements tragiques du Stade des Martyrs de l’indépendance.
«Tout ce qui arrive aurait dû être anticipé. Il y a eu une faille dans l’organisation qu’il faut absolument corriger. Si nous étions associés, il y aurait eu, probablement, des prises en charge précoces », a déclaré le Dr Roger Kamba, ministre de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale.
Dans une vidéo virale, le Dr Bienvenu Massamba, médecin directeur du Centre médical Vijana a indiqué que seuls trois personnes ont été identifiées parmi les victimes.
« Nous invitons les familles à venir identifier les leurs (…) et rassurons que les corps identifiés seront embaumées », a conclu Dr Massamba. ACP/C.L.