Kinshasa, 16 nov.2021 (ACP).- L’investissement dans l’avenir des femmes rurales en Afrique est une des conditions essentielles à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD), a déclaré mardi le Pr de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), Jean de Dieu Minengu lors d’un entretien avec l’ACP sur son éditorial publié dans le nouveau numéro d’octobre 2021 de la Revue africaine d’environnement et d’agriculture (RAFEA).
Le Pr Minengu, rédacteur en chef de cette revue internationale basée en RDC , a indiqué que la réalisation des droits des femmes est importante pour atteindre les ODD.
Il a souligné que « la réduction de la pauvreté, l’autonomie alimentaire, la croissance inclusive, la gouvernance démocratique, la paix et la justice en Afrique passent obligatoirement par des investissements que les Etats vont consacrer en faveur des femmes en général et des femmes rurales en particulier »
Les principaux défis à relever pour la promotion des femmes rurales en Afrique, a-t-il soutenu, sont la réduction de la mortalité infantile et maternelle, l’accessibilité à l’éducation, particulièrement pour les filles, et l’accessibilité aux soins en matière de santé reproductive, ajoutant que des programmes qui apportent des changements urgents et transformateurs sont nécessaires dans la décennie des ODD.
Soutien économique et social aux femmes pour faire d’elles des vecteurs de développement
Le Pr Minengu a affirmé que « lorsque les femmes sont économiquement et socialement promues, elles deviennent de puissants vecteurs de changement et donc du développement ».
Dans les zones rurales en Afrique, a-t-il poursuivi, les femmes contribuent largement à faire vivre les ménages et occupent une place dominante dans l’activité agricole, déplorant le fait qu’elles ont rarement accès aux ressources stratégiques qui rendraient leur travail plus productif.
Le Pr Minengu a évoqué le fait que dans les zones rurales africaines où l’agriculture est la principale activité, les femmes sont dans la plantation, l’entretien des champs, la récolte, le transport, la vente, et dans une moindre mesure, dans la conservation/transformation des produits agricoles. « Ainsi, les femmes travaillent en général 6 jours par semaine pendant toute l’année, alors que les hommes ne se limitent qu’aux travaux de préparation du terrain qui durent en moyenne 1 mois par an ».
Il a relevé dans ces analyses qu’actuellement, dans les régions pauvres et marginales d’Afrique ainsi que dans les zones touchées par le changement climatique, les femmes sont confrontées aux difficultés d’adaptation aux effets du dérèglement climatique.
La prospérité socioéconomique des communautés pauvres africaines est subordonnée par la satisfaction des besoins des femmes et le respect de leurs droits, a-t-il dit , poursuivant qu’en réalité, les femmes sont handicapées par le manque d’instruction, l’inégalité des droits de propriété et la difficulté d’accéder aux ressources.
Recommandation aux gouvernements d’Afrique
Le Pr Minengu a recommandé aux gouvernements d’Afrique et aux agents de développement de faire de cette question d’investissement aux femmes rurales leurs priorités. « Investir dans l’avenir des femmes rurales en Afrique à l’heure où le développement de l’agriculture paysanne connait des mutations accélérées sous l’effet du changement climatique, des flux migratoires, du commerce, de l’exode rural et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, doit devenir l’une des priorités des gouvernements et des agents de développement », a-t-il noté.
Cela permettra d’aider ces femmes, a-t-il indiqué, à s’adapter à ces transformations et à saisir des nouvelles opportunités qu’offrent ces changements dans leur milieu de vie. ACP/