Niger : début du retrait des troupes françaises

Kinshasa, 10 octobre 2023 (ACP).- Les opérations  de retrait des soldats français  basés au Niger ont commencé mardi, a –t-on apprit mardi des sources militaires  françaises.

« L’état-major français a confirmé ce 10 octobre 2023  les premiers départs de militaires et d’équipements français du Niger conformément à la planification et à la coordination en cours », a indiqué la source.

Militaires français et nigériens ont trouvé un accord de coordination technique : le retrait français passera par le Tchad mais pas par le Bénin, qui était pourtant la route la plus courte pour rejoindre le golfe de Guinée, puis la France, a ajouté la source.

L’accord de retrait est enfin scellé, et il a visiblement été âprement négocié ces derniers jours, de militaire à militaire. Mais il a permis d’aplanir les divergences, disent les autorités nigériennes.

Si, à Paris, l’état-major des armées ne donne aucune indication sur la manœuvre à venir, les militaires nigériens ont en revanche publiquement esquissé les contours du retrait français : les 400 soldats présents dans la zone des trois frontières, vont rejoindre Niamey. Puis, l’ensemble des forces françaises, soit 1 500 hommes, rejoindront le Tchad par la route, avant d’être rapatriés.

Ce plan de retrait validé prévoit que sur le sol nigérien, les véhicules militaires français devront démonter les armes de bord. La sécurité sera du ressort des Forces armées nigériennes (FAN).

Le retrait par le Tchad « va être long, long et pénible »

Le premier convoi composé de camions et de blindés légers prend la route ce mardi, a  indiqué l’armée française : route nationale 1, plein Est, 1 700 kilomètres pour atteindre le camp Cosseï à Ndjamena. « Ça va être long, long et pénible »,  a confié un haut-gradé français.

Alors pour échapper à la longue route vers le Tchad, les militaires français espèrent que les conditions du retrait vont au fil des jours s’assouplir, et surtout que les vols dérogatoires vont se multiplier.

D’ailleurs  lundi, relevaient-ils, un avion a ainsi pu s’envoler de Niamey avec un premier groupe de militaires prioritaires et rejoindre la France en quelques heures.

Le retrait des quelque 1 400 soldats français du pays avait été exigé par les généraux nigériens rapidement après leur arrivée au pouvoir fin juillet. Et le président français Emmanuel Macron avait annoncé leur départ en fin septembre.

Ce week-end, plusieurs convois ont eu lieu entre les bases avancées du nord-ouest, où sont déployés 400 militaires, et la capitale Niamey, selon des sources sécuritaires nigériennes et françaises.

Au moins deux convois avaient permis aux bases de Ouallam et Tabarey-Barey d’être ravitaillées et à plusieurs militaires français considérés comme prioritaires d’être acheminés vers Niamey.

Le ravitaillement a permis d’améliorer la situation des militaires français sur place : les réserves de rations, d’eau et de carburant – et donc l’électricité fabriquée à partir de groupes électrogènes – se comptaient en jours.

Cela a aussi permis de préparer leur départ de cette région dite des « trois frontières », entre Niger, Burkina Faso et Mali, où ils étaient déployés, dans la lutte antiterroriste aux côtés des Nigériens.

Peu de voies sont utilisables pour quitter le Niger. Les frontières terrestres sont fermées avec le Bénin et le Nigeria. Et les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français, civils et militaires, sauf autorisation dérogatoire.

Les autres frontières ont été rouvertes avec cinq pays, l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad, où se trouve le commandement des Forces françaises au Sahel, basé à N’Djamena.

Si les containers français sont acheminés vers le Tchad, ils devraient ensuite transiter par le port de Douala, au Cameroun, selon une source proche du dossier.

Les militaires nigériens arrivés au pouvoir le 26 juillet en renversant le président élu Mohamed Bazoum s’étaient rapidement engagés dans un bras de fer avec la France, réclamant le départ de ses soldats et de son ambassadeur.

Fin septembre, Emmanuel Macron avait annoncé le départ de l’ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, rentré à Paris fin septembre.

De son côté, l’Algérie a annoncé lundi « surseoir » à sa médiation censée trouver une sortie de crise au Niger, « jusqu’à l’obtention des clarifications qu’il estime nécessaires au sujet de la mise en œuvre de la médiation algérienne » au Niger.

Si le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, devait se rendre au Niger, les échanges entre les deux chancelleries sur « le programme et le contenu de cette visite » n’ont pas été « concluants », ajoute le ministère marocain des Affaires étrangères. L’Algérie avait proposé fin août un plan détaillé de transition de six mois. Début octobre, le régime nigérien avait toutefois rappelé que la durée de la transition serait uniquement fixée par un dialogue « national inclusif ».

Quelques jours après son arrivée au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani avait annoncé une transition d’une durée maximum de trois ans. ACP/Kayu

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