Niger: les 50 derniers soldats français quittent la base aérienne projetée de Niamey

Kinshasa, 22 décembre 2023(ACP)-. Les 50 derniers soldats français au Niger ont quitté vendredi la base aérienne projetée de Niamey, un départ acté le 24 septembre dernier par le président Emmanuel Macron après le coup d’État du 26 juillet, a appris l’ACP de source officielle francaise.

« Il aura fallu trois mois à l’armée française pour évacuer 1 500 soldats et des avions de combat qui étaient présents au Niger. Les 50 derniers soldats français encore présents sur la base aérienne projeté de Niamey ont embarqué ce vendredi  à bord d’un A400M de l’armée de l’air, direction la France », a déclaré le général Eric Ozanne, commandant des forces françaises au Sahel.

 Il ne s’est adressé qu’aux soldats français avant de redécoller dans la foulée vers le Tchad où se trouve son état-major.

Un départ du Niger décidé par Emmanuel Macron en septembre dernier trois mois pour quitter le Niger, « cela semble avoir été un long fleuve tranquille, on est quand même parti d’une situation très complexe », a indiqué le général Ozanne , ajoutant : « j’ai pris mon commandement le jour du coup d’État. Pour les soldats français au Niger, cela a été d’abord deux mois de blocage, l’arme au pied, mais on n’a jamais débouché sur une confrontation, on est sorti la tête haute du Niger ».  

Pas une mince affaire

« Il fallait un cadre juridique solide pour sortir proprement en bon ordre et en sécurité », précise le général Ozanne. Les deux premières emprises à être restituées ont été celles d’Ouallam et Tabarey-Barey, au nord du Niger, où était stationné un sous-groupement tactique qui avait pour mission, avec l’armée nigérienne, de protéger la frontière du Liptako contre les incursions des groupes armés terroristes. « La situation vécue à partir du 28 juillet a été inédite, extraordinaire, au sens littéral du terme », souligne Eric Ozanne, patron des forces françaises au Sahel.

« Nous étions l’arme au pied, sur nos positions, relativement imbriquées avec les troupes nigériennes avec qui la veille, on partait au combat contre les jihadistes. »

Puis, en novembre, les moyens aériens, trois Mirage 2000 et six drones Reaper ont quitté la base aérienne projetée de Niamey. « Nous avons eu à faire face à aucun incident lors de ces trois mois de désengagement »,pointe Eric Ozanne, « On ne peut que se féliciter de cette manœuvre. Cela s’est très bien déroulé, ce n’était pas acquis d’avance ».

Si un pont aérien régulier a permis d’évacuer vers la France une grande majorité des personnels, l’armée française n’a en revanche pu évacuer le fret le plus lourd qu’à destination du Tchad par voie terrestre. Mille sept cents kilomètres de pistes, et pour chaque convoi, dix jours de route pour rejoindre Ndjamena. Il faudra désormais six mois pour convoyer ce matériel du Tchad vers le port de Douala au Cameroun afin d’être embarqué à bord de navires de commerce à destination de la France. Un flux logistique confié à des entreprises privées.

« On ne laisse pas de matériel et de capacité au Niger »

Sur la base aérienne projetée de Niamey, l’armée française n’a rien laissé derrière elle, ou presque. Si toutes les capacités militaires ont été rapatriées, le « dur » est en revanche resté : algécos (bâtiments de chantier modulaires) et hangars aéromobiles, à l’exception de deux d’entre eux, n’ont pas été démontés. Trop compliqué, trop cher, le jeu n’en valait pas la chandelle aux yeux de l’état-major.

Après le Mali en 2022, l’armée française vient d’achever sa deuxième opération logistique d’ampleur au Sahel. Un véritable défi, admettent les militaires français. « Ce qui a pesé le plus ; c’est l’incertitude dans laquelle ont pu être plongés certains soldats ces trois derniers mois », conclut le général Ozanne, à l’heure de solder dix années de présence militaire française au Sahel.

La France va fermer son ambassade pour une durée indéterminée

Par ailleurs, la France annonce la fermeture de son ambassade au Niger. Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, les relations entre les deux pays se sont gravement détériorées et la représentation française « n’a plus la capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions ».

C’est une décision très rare qui illustre un nouvel épisode de la rupture progressive entre Paris et Niamey. À commencer par l’attaque de l’ambassade de France quelques jours après le coup d’État du 26 juillet.

Puis la junte du CNRD avait exigé le départ pur et simple de l’ambassadeur français, ce que Paris avait refusé. S’en est ensuivi un blocus de l’établissement par les forces de défense et de sécurité nigérienne. Un blocus durant lequel l’ambassadeur ne pouvait pas sortir, ni recevoir ses homologues, à tel point que le président français Emmanuel Macron le considérait comme un otage.

L’ambassadeur Sylvain Itté a finalement quitté le Niger fin septembre 2023. Désormais, c’est le personnel local qui va être indemnisée, avant d’être licencié. ACP/Kayu

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