Procès Bukanga-Lonzo : 20 ans de travaux forcés requis contre l’ancien Premier ministre Matata

Kinshasa, 23 avril 2025 (ACP).- Vingt (20) ans de travaux forcés ont été requis, mercredi, par le parquet général contre l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, poursuivi pour détournement de fonds alloués au projet du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, lors de l’audience devant la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo.

« 20 ans de travaux forcés à l’égard du prévenu Matata Ponyo assortis d’une peine d’inéligibilité de 10 ans ; vingt ans et une peine de cinq ans d’inéligibilité pour l’ancien gouverneur de la Banque centrale Deogracias Mutombo et une peine de 20 ans d’emprisonnement pour Christo Goebler et une expulsion définitive du territoire congolais à la fin de sa peine », a dit Prosper Moke Mayele, procureur général près la Cour constitutionnelle.

Il a également sollicité, après exécution de sa peine, une expulsion définitive du territoire congolais à l’égard de l’homme d’affaires sud-africain, Christo Gobler, poursuivi pour « participation criminelle » avec l’ancien Premier ministre Matata.

Ces peines ont été requises après une démonstration de différentes relations unissant les prévenus, les sociétés écrans et des paiements non justifiées.

Après son réquisitoire, la cause a été prise en délibérée. La Cour va rendre son verdict le 14 mai prochain.

Les prévenus absents à l’audience

Les trois prévenus accusés dans ce procès ont été absents à l’audience pour divers motifs qui n’ont pas empêché la Cour constitutionnelle à poursuivre avec l’examen du fond de l’affaire.

 « Le prévenu Matata nous a adressé une lettre pour réclamer le respect de ses immunités parlementaires, Kristo Goebler a justifié son absence par une chute dans les escaliers qui l’ont causé un dommage au niveau du genou, mais avec des documents signés par un médecin qui se trouve à l’étranger ; et les conseils de Deogratias Mutombo ont justifié l’absence de leur client par un séjour médical à l’étranger », a indiqué Dieudonné Kamuleta, juge président.

 À cette occasion, la Cour a décidé de poursuivre l’audience en l’absence des prévenus. « La cour retient le défaut à l’égard de tous les prévenus. Mais à l’intention du prévenu Goebler, nous rappelons que la loi veut que trois médecins signent un rapport médical afin qu’il soit pris en compte. Et pour le prévenu Matata, la cour rappelle que l’Assemblée nationale n’a pris aucune position et elle sait qu’elle ne peut pas interférer sur la justice,» a déclaré, en outre, Dieudonné Kamuleta.

En réaction à la lettre de Matata Ponyo,  le procureur général, Prosper Moke, a fait savoir que « ce procès n’a aucun caractère politique ».

 « Si cela était le cas, la Cour n’allait pas permettre qu’une remise de plus de six mois soit accordée au prévenu pour lui permettre de battre campagne et de se présenter aux élections. Cette même Cour a validé sa candidature comme président de la République, sa candidature comme député national et son élection à la députation nationale. Nous estimons que le prévenu est en train de se moquer de la justice et cela est inacceptable. On ne doit pas se réfugier derrière les immunités pour se donner une forme d’impunité », a-t-il ajouté.

Dans une correspondance, Augustin Matata, à travers ses avocats conseils, a annoncé à la Cour constitutionnelle qu’il ne va plus participer aux audiences « compte tenu du caractère irrégulier, illégal et inconstitutionnel de la procédure engagée par la Cour Constitutionnelle ».

Audition des inspecteurs de l’Inspection générale des finances

La Cour constitutionnelle a cité à comparaître trois inspecteurs de l’Inspection générale des finances au titre de « renseignants » pour expliquer le pourquoi du comment de leur rapport. À cela ils ont dit avoir été saisis en septembre 2020 par l’ancien Premier ministre Matata Ponyo suite à la clameur publique, c’est ainsi que l’Inspection générale des finances va désigner les inspecteurs Désiré Wangi, Thierry Mutombo et Dieudonné Tutondele pour enquêter sur cette affaire.

Dans le cadre de leur mission, les inspecteurs ont retenu la société « Africa commodities » (Africom) comme gestionnaire de 287 millions USD du projet Bukanga-Lonzo.

Par ailleurs, les renseignants ont exposé leur rapport, soubassement de cette instruction, démontrant les multiples surfacturations qui ont caractérisé ce projet et la multiplicité de sociétés écrans créées pour la cause en vue de faciliter le détournement.

 Les juges ont posé de nombreuses questions aux inspecteurs, mais aussi au Procureur général, organe poursuivant sur la précision de faits infractionnels pour lesquels les prévenus sont poursuivis : « nous poursuivons les prévenus Matata et Goebler en participation criminelle ; l’ancien Premier ministre étant le concepteur, l’ordonnateur et l’exécuteur de tous les paiements sans passer par le ministère de tutelle pour 115 millions de dollars avec l’aide indispensable de Goebler ».

 « S’agissant de la deuxième prévention de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo et Deogracias Mutombo, ils sont poursuivis pour avoir débloqué 4 800 000 $ chaque mois en procédure d’urgence, la Banque centrale a payé 13 fois 4 800 000 dollars américains pour la réalisation du marché international de Kinshasa. Ce qui fait 80 millions de dollars qui n’ont jamais été perçus par Goebler », a précisé le Procureur général Prosper Moke Mayele.

L’ancien Premier ministre Matata Ponyo, l’homme d’affaires sud-africain, Kristo Goebler, et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogracias Mutombo, sont poursuivis pour détournements de fonds alloués au projet du Parc agro-industriel de « Bukanga-Lonzo » qui s’élevaient à la hauteur de 204 millions de dollars dont seuls 34 millions USD ont pu être justifiés, d’après l’acte d’accusation lue brièvement lors de l’audience.

ACP/UKB

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