Kinshasa, 12 janvier 2022 (ACP).– Le collectif de la partie civile Chebeya a réclamé à la Haute cour militaire, d’auditionner toutes les personnes citées par le major Paul Milambwe, ayant participé d’une manière ou d’une autre au double assassinat de l’activiste de droits de l’homme Chebeya et son chauffeur, Fidèle Bazana, avant de présenter sa plaidoirie.
Cette demande a été formulée mercredi, au cours d’une audience tenue en chambre foraine à la prison militaire de Ndolo, dans l’affaire ministère public/partie civile Chebeya contre les prévenus Christian Ngoy Kenga Kenga, ancien commandant du bataillon Simba de la police et son garde du corps Jacques Migabo, accusés de détention illégale d’armes et munitions de guerre, association des malfaiteurs, assassinat, terrorisme et désertion simple.
Dans son exposé devant la Haute cour, Me Richard Bondo, président du collectif des avocats de la partie civile Chebeya a indiqué que cinq fléaux avaient caractérisé le régime passé pendant l’instruction de ce procès, à savoir, la déification de la fonction présidentielle, l’aversion du pouvoir vis-à-vis des organisations non gouvernementales de droits de l’homme, l’obéissance aux ordres manifestement illégaux, la crainte d’auditionner un ancien Chef de l’Etat et l’éviction du Président de la République honoraire de ce procès.
Pour lui, les témoignages faits par le colonel Mukalay, le major Paul Milambwe et le commissaire Jacques Migabo doivent être exploités par la Haute cour en vue de permettre au sénateur à vie d’apporter sa version des faits quant à ce.
Tout ancien Président de la République ayant le devoir de patriotisme et de loyauté envers l’Etat, en vertu de la loi portant statut des anciens Chef de l’Etat, il a demandé à la Haute cour militaire d’auditionner le Président de la République honoraire Joseph Kabila et les autres personnalités citées dans ce procès.
L’organe de la loi se dit surpris
Pour sa part, l’organe de la loi s’est dit surpris de voir que la partie civile, au lieu de plaider, dépose un prolégomène à la Haute cour, poursuivant que face à cette situation, il lui sera pratiquement difficile de présenter son réquisitoire.
Il a, par ailleurs, ajouté qu’il va de l’intérêt de tous que les zones d’ombres soulevées par la partie civile puissent être élucidées surtout sur la désertion simple de Milambwe.
De son côté, la défense de Paul Milambwe a demandé à la Haute cour de recevoir la plaidoirie, d’autant plus qu’il s’est préparée quant à ce, ajoutant que son client a quitté l’exil pour comparaitre dans ce procès, afin qu’il soit lavé de tout soupçon.
Les avocats de la République démocratique du Congo, civilement responsable, ont renseigné que la Haute cour ayant instruit cette affaire pendant plusieurs mois est en droit de recevoir la plaidoirie le même jour comme elle avait décidé, ajoutant que la partie civile Chebeya peut ne pas plaider, mais elle va lui allouer les dommages et intérêts.
La Haute cour a renvoyé la prochaine audience à la huitaine et se prononcera sur la demande de la partie civile. ACP/JFM