Procès Rossy Mukendi : Carine Lokeso plaide non coupable des infractions de meurtre et de violation des consignes

Kinshasa, 15 décembre 2021 (ACP).- La commissaire supérieure Carine Lokeso, poursuivie pour meurtre et violation des consignes dans l’affaire Rossy Mukendi, a plaidé non coupable, au cours de l’audience tenue lundi, à la prison militaire de Ndolo devant la Cour militaire de Kinshasa-Matete.

L’avocat de la commissaire supérieur de la Police nationale congolaise (PNC), Me Willy Kaluma, a soulevé l’absence d’un élément matériel devant cristalliser la responsabilité pénale de sa cliente dans les griefs lui reprochés.« L’infraction qu’on met à tort à charge de ma cliente n’est pas établie car l’élément légal fait défaut », a-t-il soutenu.

Selon cet avocat, dans le cadre du dossier sous examen, la décision du renvoi du ministère public dit que la consigne est particulière, mais donnée à la troupe. Ce que l’article 113 du code pénal militaire ne reconnaît pas, estime-t-il. « Cette disposition reconnaît la consigne générale donnée à la troupe. Si la consigne n’est pas donnée à la troupe, ça doit être donné personnellement à l’intéressé pour l’accomplissement d’une mission précise. En ce qui concerne le meurtre, on dit que ma cliente a donné l’ordre à un policier sous son commandement de tirer sur les paisibles manifestants. Si cette affirmation était réelle, il y aurait eu des dégâts collatéraux. Il y aurait beaucoup de morts. Curieusement, il n’y en a qu’une seule », a argué Me Willy Kaluma.

Pour lui, les moyens soulevés par les parties civiles et le ministère public prêtent à confusion. Les parties civiles disent que c’est Bivuala qui a tiré sur Rossy Mukendi alors qu’il n’est pas poursuivi pour meurtre. « À la lumière des procès-verbaux, nous sommes tombés sur les déclarations d’un monsieur Jacques Ciel Ngiba. Il était témoin oculaire. Ce dernier affirme avoir vu vers 8h deux policiers dont l’un portait la tenue civile et un groupe d’individus qui voulait assiéger le sous commissariat Molo. Et le policier qui avait tiré, est celui qui était en tenue de la police. C’était avant même l’arrivée de la jeep d’intervention du Mont-Amba. L’escadron est arrivé sur le lieu vers 10h30. On peut conclure Rossy a été réellement abattu, mais ce n’est pas par l’équipe de notre cliente », a souligné l’avocat de Carine Lokeso.

Le ministère public aura du mal à répliquer par rapport à nos moyens, pense-t-il.

Me Willy Kaluma, convaincu que le juge sera dans l’impossibilité matérielle de statuer, se demande si celui-ci va se référer à la décision du renvoi du ministère public, aux déclarations contradictoires des parties civiles, où sur le réquisitoire du ministère public qui n’indique pas le terme ‘‘à l’assaut’’ dans sa décision du renvoi ni la nature de la balle. Mettant en exergue le principe qui stipule que « le doute profite à l’accusé », il a demandé la relaxation de sa cliente. « Le juge peut dire que la République a besoin de cette dame qui a été promue pendant sa détention. Elle était Major et aujourd’hui, elle est Colonel. La République a besoin d’elle », a-t-il souligné.

La commissaire supérieure Carine Lokeso et ses coaccusés, le brigadier en chef Gérard Tokis Nkumbo et son garde du corps Franco Bivuala (en fuite), sont poursuivis pour violation des consignes et meurtre de l’activiste pro-démocratie Rossy Mukendi, tué par balle le 25 février 2018, lors d’une marche du Comité Laïc de Coordination (CLC) qui réclamait la tenue des élections et le départ du président Joseph Kabila, à la suite du dépassement du délai constitutionnel pour l’organisation de l’élection présidentielle en RDC. Lors des plaidoiries, le ministère public avait requis la servitude pénale à perpétuité à l’encontre des accusés. ACP/

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