Kinshasa, 23 mai 2024 (ACP).- Les personnels de France Médias Monde, France Télévisions et Radio France internationale sont en grève depuis jeudi contre le projet de fusion éclair de l’audiovisuel public défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati, a appris l’ACP de source officielle française.
«Les personnels de médias protestent contre le projet de fusion éclair de l’audiovisuel public défendu par la ministre de la Culture. Les antennes et les plateformes numériques de France 24 sont fortement perturbées par cette grève observée depuis hier, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de France Médias Monde (France 24, RFI et MCD) », a rapporté la source.
De par son positionnement international, France Médias Monde – dont fait partie France 24 – fait face à des enjeux géopolitiques spécifiques. La diffusion de France 24 et RFI a par exemple été coupée au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Le cas de FMM fait donc débat au sein du camp présidentiel, certains estimant qu’il faut l’exclure de la réforme et ne pas le fusionner avec les autres entreprises.
L’Assemblée nationale devait théoriquement débattre de cette réforme au même moment en première lecture, avec 280 amendements au menu, mais l’examen a été reporté à une date ultérieure.
La décision a été formalisée par l’envoi d’une lettre à la présidente de l’Assemblée, actant son retrait de l’ordre du jour de la semaine, déjà bien rempli par l’examen du projet de loi agricole. Le texte pourrait n’être examiné qu’en juin.
«Nous, sociétés de journalistes (SDJ), déplorons l’avancée dans la précipitation du projet de réforme de l’audiovisuel public, mené sans aucune concertation, ni même consultation des rédactions concernées », a déclaré Stéphanie Trouillard, journaliste pour France 24
«Les forces de l’audiovisuel public sont dispersées, d’où un risque d’affaiblissement face aux plateformes internationales comme Netflix et aux chaînes privées », a précisé Rachida Dati, ministre de la Culture.
«Ce n’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix », rétorquent les écologistes (toute la gauche rejette la réforme). L’ORTF, c’est la structure qui rassemblait l’audiovisuel public français jusque dans les années 1970, et dont l’absence d’indépendance fut critiqué.
Certains syndicats craignent aussi que la télévision ne phagocyte la radio. Une analyse partagée par les Sociétés des journalistes des médias concernés, qui déplorent une réforme menée dans la précipitation et sans aucune concertation.
« Non à la casse de l’audiovisuel public »
En plus de la grève, plusieurs rassemblements ont eu lieu en France, le plus important s’est tenu à Paris, près du ministère de la Culture. Sous le slogan « Non à la casse de l’audiovisuel public », il a réuni plusieurs centaines de salariés et une délégation a été reçue au ministère.
«Votre grève très forte aujourd’hui fait déjà bouger les lignes, puisque l’agenda parlementaire a miraculeusement été décalé d’un mois », a lancé Sophie Binet secrétaire générale de la CGT.
Calendrier serré
Voulant « rassembler les forces », la ministre de la Culture prévoit une phase transitoire avec une holding commune pour l’audiovisuel public au 1er janvier 2025, puis une fusion un an après. Quelque 16 000 salariés sont concernés.
Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte de l’audiovisuel rassemblerait également l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24). L’intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel. ACP/C.L.