RDC-Ouganda: lancement conjoint de projets transfrontaliers de 25 millions d’euros financés par l’UE

Kinshasa, 5 juin 2025 (ACP).– La République démocratique du Congo(RDC) et l’Ouganda ont lancé jeudi lors d’un atelier à Kinshasa (capitale de la RDC), deux projets transfrontaliers de 25 millions d’euros du financement de l’Union européenne(UE), visant à renforcer notamment la stabilité, la coopération et à stimuler le commerce dans les régions frontalières.

 «Les projets, mis en œuvre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et TradeMark Africa (TMA), visent à bâtir des économies transfrontalières plus sûres, plus efficaces et plus résilientes entre les deux pays, à renforcer la stabilité, la résilience, la coopération, à réduire les coûts logistiques et à stimuler le commerce dans les régions frontalières»,  a  indiqué Jean -Claude Mbwankiem, Directeur de service et représentant du Secrétaire général aux Affaires étrangères dans son mot d’ouverture de l’atelier.

 «La région frontalière entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda, comme tant d’autres zones frontalières similaires sur le continent, est non seulement un espace de vie, de circulation, de commerce et de liens historiques, mais aussi un espace vulnérable, parfois en proie à des tensions, des conflits armés, des déplacements de populations et une fragilité structurelle entravant le développement durable», a-t-il ajouté.

C’est précisément pour répondre à ces défis que le projet « Borderlands : Renforcement de la coopération transfrontalière, stabilisation et résilience des zones frontalières entre la République démocratique du Congo (RDC) et la République d’Ouganda », qui est mis en œuvre par l’OIM, trouve son sens, a-t-il ajouté.

L’objectif du projet est de renforcer la coopération frontalière, de consolider la paix, de soutenir la cohésion sociale et de promouvoir le développement résilient, en parfaite harmonie avec la vision du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui place la paix, l’intégration régionale et le bien-être de la population au cœur de l’action de son gouvernement, a-t-il dit.

Jean -Claude Mbwankiem, Directeur de service a salué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’autres partenaires impliqués dans ce projet qui est, selon lui, une passerelle de collaboration, d’échanges commerciaux, de prospérité partagée et de croissance économique soutenue.

Selon Mme Alexandra Simpson, Cheffe de l’OIM en RDC, cet objectif sera atteint grâce à une approche holistique combinant des mécanismes de gouvernance locale, des interventions visant à renforcer la cohésion sociale et la sécurité tout en améliorant les services de base dans les zones frontalières, et la création d’opportunités socio-économiques durables.

L’atelier de lancement se déroule en deux phases : la première phase à Kinshasa, en posant le cadre stratégique avec les partenaires institutionnels et techniques, tandis que la deuxième phase se déroulera à Bunia en RDC, en impliquant des acteurs locaux, des autorités provinciales et des communautés locales pour ancrer le projet dans le contexte local ainsi qu’à la République d’Ouganda.

Un autre projet connexe est axé sur le commerce transfrontalier, mis en œuvre par « TradeMark Africa », présenté à cette occasion, en vue de favoriser une synergie d’action et une meilleure coordination des interventions en faveur des communautés frontalières.

Nécessité de renforcer le commerce transfrontalier et le développement économique local

Selon  M. Alain Kikeni Kimolo, Gestionnaire de projet -santé-développement de l’Union européenne (UE) en RDC, les 10 millions d’euros sur les 25 millions octroyés par l’UE, sont destinés à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour la mise en œuvre sur une période de trois ans du projet Borderlands, en vue de renforcer l’intégration régionale, le commerce transfrontalier, le développement économique local et la consolidation de la paix dans les zones frontalières entre la RDC et l’Ouganda.

Et 15 millions d’euros octroyés à Trade Mark Afrique (TMA) pour la même cause. La structure TMA va travailler en partenariat avec les ministres compétents des deux pays, les agences nationales, les chambres de commerce, les associations professionnelles, les communautés économiques régionales, les institutions multilatérales du commerce ainsi que les agences onusiennes.

Le programme triennal « Frontières pacifiques et résilientes II », dirigé par TradeMark Africa, vise quant à lui, à améliorer les infrastructures de transport, faciliter le commerce et renforcer la résilience des communautés vivant le long d’un corridor transfrontalier stratégique mais fragile. L’initiative prévoit l’harmonisation des procédures douanières conformément aux normes de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la modernisation des infrastructures clés telles que la route et le pont de Mahagi et le port lacustre de Ntoroko, ainsi que l’introduction de laboratoires mobiles pour le contrôle de la qualité. Un volet important du programme se concentre également sur la formation des jeunes, en leur fournissant des compétences professionnelles pour l’emploi ou l’entrepreneuriat.

Un comité de pilotage a été mis en place, composé des membres des comités nationaux de pilotage de la RDC et de l’Ouganda, des représentants de l’UE, de l’OIM et de TMA.

Les deux projets transfrontaliers visent à renforcer la stabilité, la résilience, la coopération, à réduire les coûts logistiques et à stimuler le commerce dans les régions frontalières.

Les projets, mis en œuvre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et Trade Mark Africa (TMA), visent également à bâtir des économies transfrontalières plus sûres, plus efficaces et plus résilientes entre les deux pays

En outre, le Général Major Apolo Kasiita -Gowa, Directeur du Service de la citoyenneté et du contrôle de l’immigration du ministère des Affaires intérieures de l’Ouganda et Mme Gladys Kalombola, Gestionnaire de programme Trade Mark Africa ont salué la mise en œuvre de ce projet.

«La République démocratique du Congo (RDC) et la République d’Ouganda partagent de longues frontières très poreuses, avec des mouvements migratoires souvent générés par les activités commerciales inhérentes au lac Albert (exemple : le sel de Katwe, la pêche) et le transport de marchandises, notamment agricoles. La démarcation des frontières entre la RDC et l’Ouganda sur le lac Albert reste généralement floue et informelle, les frontières postcoloniales traversant des zones ethniques et communautaires traditionnelles», ont soulevé les organisateurs de l’atelier.

Les répartitions sociolinguistiques ont été influencées par la politique et l’histoire de la région des Grands Lacs et ont des implications complexes pour la citoyenneté, l’émigration et le commerce. La frontière internationale entre la RDC et l’Ouganda est en proie à un conflit armé depuis 20 ans.

Les zones frontalières, notamment du côté de la RDC, ont toujours été confrontées à divers facteurs de conflit liés au pouvoir coutumier, aux questions d’identité et à la gestion des terres et des ressources naturelles. Les tensions dans le nord-est du pays alimentent l’instabilité transfrontalière, et l’exploitation politique des jeunes et leur recrutement dans des groupes armés continuent d’alimenter les conflits en cours. Le contrôle des sites miniers artisanaux illégaux en RDC et l’implication dans le commerce illicite d’or à la frontière ougandaise demeurent des sources majeures de financement pour les groupes armés, ont-ils ajouté.

En raison de conflits cycliques et de l’instabilité, les zones frontalières accueillent un grand nombre de réfugiés congolais du côté ougandais et de populations déplacées du côté congolais. Malgré d’importantes opportunités de commerce transfrontalier et de développement, le commerce intrarégional est entravé par des infrastructures limitées, des tensions intercommunautaires et une corruption élevée, alimentées par des conflits persistants, des déplacements de population et l’insécurité.

Cette zone frontalière est donc principalement caractérisée par le commerce informel, la contrebande de marchandises et la traite des êtres humains, facilités par de multiples acteurs locaux, notamment des « passeurs », familiers des postes frontières non officiels et des itinéraires illégaux (les »panya « )», ont-ils conclu. ACP/JF

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