Reçu la veille par le président Tshisekedi, le ministre Mutamba démissionne 24 heures après

Kinshasa, 18 juin 2025 (ACP).- Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a déposé sa démission auprès du Chef de l’Etat qui l’a reçu la veille, trois jours après l’autorisation des poursuites décidée par l’Assemblée nationale de République démocratique du Congo, selon une correspondance parvenue mercredi à l’ACP.

« En tant que républicain, respectueux de la Constitution et des lois de notre pays, je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique dont se revendiquent le Ministre rwandais des affaires étrangères, qui a jubilé à travers son tweet, ainsi que les responsables de I’AFC/M23, dont l’objectif ultime est d’obtenir mon élimination physique », a écrit M. Mutamba, ministre sortant de la Justice, dans sa lettre de démission adressée au Chef de l’Etat.

« Je n’ai pris aucun dollar de l’Etat. Je vous promets de ne pas abandonner le combat pour une justice juste et équitable pour tous, débarrassée de toutes les tares actuelles, et non d’une justice instrumentalisée pour des règlements de comptes politiques. Je vous promets également de ne pas abandonner e combat contre les envahisseurs », a encore écrit M. Mutamba, accusé de détournement de 39 millions de dollars américains pour la construction d’une prison à Kisangani (nord-est).

L’ex-ministre Mutamba a défendu son bilan évoquant des réformes engagées dans ce secteur.

« Ces réformes audacieuses, menées après de nombreux sacrifices et malgré la résistance de conservateurs hostiles au changement, ont permis, d’une part, de réhabiliter des milliers de nos compatriotes, et d’autre part, elles ont contribué à protéger l’état et ses démembrements (entreprises, services et établissements publics) de la prédation de leurs patrimoines par des réseaux mafieux », a-t-il écrit.  

Dans ce cadre, l’ancien Garde des sceaux a énuméré plusieurs actions menées pour sécuriser les investisseurs et stabiliser le climat des affaires. Il s’agit entre autres, de la redynamisation du guichet unique de création d’entreprise, permettant désormais de créer une entreprise en deux jours; de l’insaisissabilité des biens des entreprises du portefeuille de l’Etat, et de la création d’une commission mixte chargée de veiller à la bonne exécution de la justice, qui a aidé à réduire les cas de spoliation des biens des particuliers par des décisions judiciaires iniques des réseaux mafieux.

En outre, Constant Mutamba a parallèlement évoqué plusieurs actions judiciaires dissuasives qui ont été entreprises, dont, entre autres, celles centrées contre les auteurs et complices de l’agression rwandaise ayant abouti à des condamnations à des peines de servitude pénale et à la confiscation des biens de certains complices rwandais, ainsi que la tenue d’audiences foraines dans le cadre de la lutte contre le banditisme urbain.

Les Etats généraux de la justice, une thérapie adaptée à la RDC

Dans le but de mettre en œuvre des résolutions des états généraux de la justice de novembre 2024, le ministre démissionnaire Mutamba a indiqué que ces assises ont été la thérapie adaptée à la maladie dont souffre la justice congolaise.

Dans ce cadre, il a cité le dépôt à l’Assemblée nationale de la loi portant création du tribunal pénal économique et financier et du parquet y rattaché, le désengorgement des prisons et l’amélioration des conditions de vie des détenus, la réforme de l’Inspection des services judiciaires et pénitentiaires.

A ceux-ci, s’ajoutent, la relance de l’École de criminologie pour former les Inspecteurs de la Police Judiciaire, l’identification progressive des pasteurs et des églises par la remise des permis d’exercice des cultes, les consultations populaires et les journées portes ouvertes, permettant aux justiciables de s’exprimer et la dotation de moyens de locomotion aux agents et cadres du ministère de la Justice.

ACP/

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