Royaume-Uni: Keir Starmer abroge l’accord d’expulsion de migrants au Rwanda

Kinshasa, 07 juillet 2024(ACP).- Le Premier ministre britannique Keir Starmer a abrogé samedi l’accord d’expulsion de migrants vers le Rwanda, a appris dimanche l’ACP de source officielle Britannique.

«Ce projet était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasifje ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget », a déclaré Keir Starmer,  premier ministre britannique.

Cette décision intervient après que le Parlement britannique ait finalement voté en avril pour mettre fin à cet accord, largement critiqué. Cependant, le gouvernement travailliste devra maintenant répondre au défi persistant de l’immigration clandestine, un enjeu qui a favorisé la montée du parti Reform UK de Nigel Farage lors des dernières élections législatives.

« Il n’y a jamais eu d’effet dissuasif, c’était peut-être même l’inverse. Tout le monde a compris, notamment les réseaux mafieux, que les chances d’aller réellement au Rwanda étaient si mince, moins d’1 %, que cela n’a jamais été dissuasif»,  a-t-il ajouté.

Les conservateurs avaient tenté de réduire le flux de migrants traversant la Manche, mais ils n’ont pas réussi à tenir la promesse de l’ancien Premier ministre Rishi Sunak de « stopper les bateaux ».

Le plan controversé pour le Rwanda visait à dissuader les migrants de risquer leur vie dans des traversées dangereuses en offrant une alternative coûteuse et inefficace, qui a dilapidé des centaines de millions de dollars sans apporter de résultats concrets.

S’exprimant depuis le 10 Downing Street, M. Starmer s’est dit impatient de voir le changement se produire, tout en évitant de préciser quand les Britanniques pourraient ressentir une amélioration de leur niveau de vie ou des services publics.

Lorsqu’il était dans l’opposition, le chef du Parti travailliste avait déjà annoncé son intention de mettre fin ce projet controversé des conservateurs, lancé en 2022, mais encore jamais mis à exécution. Le sujet de l’immigration a été un des principaux thèmes de la campagne électorale qui vient de s’achever au Royaume-Uni  et qui a vu le Labour remporter une très large majorité à la Chambre des Communes.

Au printemps, le précédent Parlement britannique avait adopté une loi permettant ces expulsions – après un précédent texte retoqué par la Cour suprême du pays fin 2023. Il prévoyait d’envoyer des migrants ou demandeurs d’asile au Rwanda, sans possibilité de revenir au Royaume-Uni.

Un projet de loi adopté, mais des expulsions qui avaient été reportées

Le précédent Premier ministre, Rishi Sunak, comptait débuter les expulsions cet été et les autorités avaient commencé au début du mois de mai à arrêter des migrants susceptibles d’y être envoyés. Mais, avec l’incertitude que faisait peser le scrutin législatif, la justice avait ordonné la libération de dizaines d’entre eux.

Les travaillistes ont promis durant la campagne de lutter contre l’immigration illégale, en particulier contre l’arrivée de migrants sur de petits bateaux via la Manche. Le nouveau gouvernement prévoit notamment de déployer des moyens inspirés de la lutte antiterroriste pour contrer les groupes de passeurs. Et il veut encore renforcer la coopération avec l’Europe, notamment la France. Il s’est aussi engagé à augmenter les moyens de traitement des demandes d’asile au Royaume-Uni, alors que le système est engorgé depuis plusieurs années.

Londres a toutefois dépensé plusieurs millions de livres pour construire des infrastructures au Rwanda rappelle François Gaulme, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut Français des Relations Internationales (Ifri) : « Le gouvernement britannique a tout de même dépensé des centaines de millions de livres. Cela a servi à construire des infrastructures d’accueil. Aux dernières nouvelles, puisqu’il n’y avait pas de migrants envoyés au Rwanda, ces logements ont été occupés par des Rwandais. »

Depuis le début de l’année, plus de 13 500 migrants ont traversé la Manche pour arriver au Royaume-Uni. Après avoir baissé l’an dernier, le nombre d’arrivées est reparti à la hausse depuis janvier. ACP/

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