Kinshasa, 20 juillet 2024 (ACP).- le journaliste américain Evan Gershkovich a été condamné vendredi, à 16 ans de prison pour «espionnage», a appris l’ACP de source officielle russe. «Gershkovich Evan est reconnu coupable et condamné à 16 ans d’emprisonnement», a déclaré Andreï Mineïev, juge du tribunal régional Sverdlosvki d’Ekaterinbourg. Le reporter du Wall Street Journal, âgé de 32 ans, devra purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à « régime sévère », ce qui signifie des conditions de détention très strictes, comparées au « régime normal ».
Ce dernier avait été arrêté pour « espionnage » fin mars 2023, alors qu’il effectuait un reportage à Ekaterinbourg. Une accusation que la Russie n’a jamais étayée publiquement et que lui, sa famille, ses proches et la Maison Blanche rejettent. L’audience de vendredi n’était que la troisième depuis l’ouverture le 26 juin du procès, qui s’est tenu entièrement à huis clos, toute la procédure étant placée sous le sceau du secret.
La deuxième audience, prévue initialement en août, avait été avancée à jeudi à la demande de la défense. Il s’agit donc d’une procédure express, car les procès pour des accusations similaires se tiennent habituellement en Russie sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le Kremlin a une fois encore refusé vendredi de spécifier ses accusations : « Les accusations d’espionnage sont une chose très sensible, nous ne pouvons pas faire d’autres commentaires, le procès est en cours« , a rapporté Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.
Possible échange
Pour Washington, son arrestation servirait avant tout à monnayer un possible échange de prisonniers, en pleine tension entre la Russie et les États-Unis liée au conflit armé en Ukraine. Moscou a admis négocier sa libération, et le président russe Vladimir Poutine a évoqué lui-même le cas de Vadim Krassikov, emprisonné en Allemagne pour un assassinat commandité attribué aux services spéciaux russes. Evan Gershkovich est, depuis l’époque soviétique, le premier journaliste occidental à être accusé d’espionnage en Russie. Son emprisonnement a suscité une importante vague de solidarité au sein de médias américains et européens. Fin juin, la Maison Blanche a dénoncé un « simulacre » de procès, répétant qu’Evan Gershkovich n’avait « jamais travaillé pour le gouvernement » américain.
Détention « arbitraire »
Début juillet, un panel d’experts de l’ONU a estimé que sa détention était « arbitraire » et qu’il devait être libéré « sans délai« . Pour le rappel, les enquêteurs russes accusent Evan Gershkovich, qui avait travaillé pour l’AFP à Moscou en 2020-2021, d’avoir collecté des informations sensibles pour la CIA sur l’un des principaux fabricants russes d’armements, l’entreprise Ouralvagonzavod. Cette usine produit notamment, des chars T-90 utilisés en Ukraine et ceux de nouvelle génération Armata, alors que son activité civile est la production de wagons de marchandises. Enfant d’immigrés ayant fui l’URSS pour les Etats-Unis, Evan Gershkovich s’était installé en Russie en 2017, et il est le premier journaliste occidental, depuis l’époque soviétique, à être accusé d’espionnage en Russie. ACP/