Bruxelles, 30 mai 2024 (ACP).- Les chaînes de télévision du monde occidental ont, quasiment toutes, diffusé, mercredi soir, une enquête collective coordonnée par le « Collectif Forbiden Stories » et menée par dix-sept médias et une cinquantaine de journalistes, dont des Allemands, des Belges, des Britanniques et des Français.
Intitulée « Rwanda classified », l’enquête, qui présente « la face sombre du régime rwandais dirigé d’une main de fer par le président Kagame », a été déclenchée par la mort du journaliste rwandais John Williams Tweli, décédé en janvier 2023 des suites d’un accident après qu’une voiture a percuté son moto-taxi.
Cet accident apparemment banal comportait cependant des zones d’ombres.
En effet, les enquêteurs ont rencontré les proches du journaliste et des confrères rwandais, qui ont témoigné que John Williams Tweli se disait constamment suivi et menacé. L’un des messages de menaces qu’il avait reçus sur son portable était prémonitoire : « Tu te feras rouler dessus un jour que tu seras à moto ». C’est ce qui lui est exactement arrivé.
Le journal bruxellois Le Soir, qui a participé à l’enquête « Rwanda classified », révèle également « la nature multiforme de la répression du régime de Kagame contre la diaspora rwandaise ».
Pour le quotidien belge, Kigali s’est spécialisé dans la traque des opposants jusqu’en dehors des frontières, « de l’espionnage classique avec des agents sous couverture à l’espionnage électronique via le logiciel Pegasus, en passant par des opérations coup de poing » contre des manifestants. Le quotidien cite l’exemple de la répression lors de la visite de Paul Kagame en Belgique.
Pour sa part, The Guardian, un journal britannique, affirme que John Businge, ambassadeur rwandais à Londres, nommé en 2022, a utilisé Interpol pour traquer les opposants du monde entier, alors qu’il était à l’époque ministre de la Justice.
Le journal français Le Monde, qui a aussi collaboré à l’enquête, met en lumière l’autre visage du Rwanda, parfois présenté comme un modèle de développement ou le Singapour d’Afrique, « mais qui est en réalité verrouillé par le Front patriotique rwandais, un parti quasi-unique ».
Le quotidien français, cité dans l’enquête, déplore le fait que malgré des crimes largement documentés à l’intérieur du Rwanda comme en dehors des frontières de ce pays, Kagame sera reconduit le 15 juillet pour un quatrième mandat « joué d’avance » et « sûrement un cinquième » qui devrait permettre à l’autocrate de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
ACP/ KHM