Senat : la création d’une commission d’enquête sur le financement de groupes armés sollicitée (Sénateur)

Kinshasa, 19 avril 2025 (ACP).- Un sénateur de la province de l’Ituri,  nord-est de la République démocratique du Congo a sollicité  la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’exploitation de l’or comme source de financement de groupes armés et leurs réseaux,  dans une motion d’information  dont une copie parvenue samedi à l’ACP.

« En vertu de l’article 188 de notre règlement intérieur, je sollicite la plénière pour la création d’une commission d’enquête parlementaire pouvant approfondir cette question afin de présenter un rapport aux honorables sénateurs pour qu’une décision salutaire soit prise pour le bien de la population que nous représentons. Je pense à l’interdiction de toutes les activités minières dans cette province par le gouvernement », peut-on lire dans la note du sénateur Michel Remo Yossa.

D’après cet élu des élus de la circonscription électorale de l’Ituri, la source de financement de groupes armés et leurs réseaux et même l’une des principales sources de motivation de création de groupes armés y compris le maintien de l’Ituri dans cet état de crise sécuritaire.

En ce qui concerne la prolifération de groupes armés en cette période exceptionnelle de l’état de siège le sénateur Michel Remo Yossa a expliqué en ces termes « Je vous informe une fois encore chers collègues qu’en janvier de cette année un autre groupe armé a vu le jour, il s’agit de la Convention pour la révolution populaire dirigé par Monsieur Thomas Lubanga et au début de mois d’avril un autre a vu le jour, il s’agit de la coalition nationale pour la libération du Congo dirigé par un certain colonel innocent Kaina« .

 Pour lui la motivation de la prolifération de ces forces négatives trouve la réponse dans le dernier rapport de groupes d’experts des Nations-Unies qui fait état d’un revenu annuel de 140 millions de dollars américains que gagnent les groupes armés et les réseaux criminels de l’exploitation minière en Ituri.

« Le rapport indique que le seul chef du groupe armé Zaïre gagne 1,6 millions USD chaque mois grâce notamment à l’extraction d’or, aux impôts et aux frais perçus de contrôle. Le territoire de Djugu épicentre des activités rebelles les femmes font l’objet d’exploitation sexuelle et les hommes sont utilisés pour creuser de l’or« , révèle-t-il.

Dans cette motion d’information sur la situation sécuritaire dans sa province le sénateur Michel Remo Yossa dresse le même décor dans les territoires de Mambasa, Mahagi et Irumu où l’activisme de groupes armés est motivé principalement par l’exploitation minière illicite dans les différents sites.

« Dans le territoire de Mambasa dans la Réserve de faune à Okapis(RFO) près de 70 sites miniers d’exploitation illégale sont enregistrés avec des conséquences incalculables sur tous les plans sous la bénédiction de nos forces de sécurité »

A Irumu, souligne-t-il, « plusieurs sites dans la chefferie de Babelebe, Walendu Bindi où les groupes armés perçoivent entre 30-50.000 USD chaque mois auprès de creuseurs artisanaux, de propriétaires de carrières et même des exploitants étrangers. Dans le territoire de Mahagi plusieurs sites sont gardés par nos forces de sécurité. D’ailleurs l’année passée on a enregistré des décès de nos militaires qui se sont tirés« .

Une vraie guerre économique

Par ailleurs le sénateur Michel Remo Yossa souligne que la guerre de l’Ituri a changé sa forme pour devenir purement économique.

Pour preuve, poursuit-t-il « on dénombre près de 250 sites miniers et plusieurs machines [Poclain] où dans chaque site on paie 20 à 30.000 USD aux groupes armés. A cela s’ajoute les frais payés par les opérateurs économiques pour sécuriser leurs produits qui traversent les zones contrôlées par ces miliciens« .

A lui de s’interroger « Imaginez chers collègues, quand les miliciens commandent des machines pour exploiter, c’est-à-dire qu’ils connaissent qu’ils sont là pour longtemps et on se demande où passent ces machines ? Qui facilite cet état de chose? ».

« Certains chefs de groupes armés ont acquis plusieurs biens dans la ville de Bunia connus de tous y compris les autorités provinciales et des avoirs même à l’étranger. Entre-temps la population continue à croupir comme d’habitude dans la misère« , conclu-t-il.

ACP/C.L.  

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