Bruxelles, 09 mars 2023 (ACP) – La Conférence épiscopale nationale du Congo et l’Eglise du Christ au Congo mènent un plaidoyer conjoint sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo auprès de la Belgique et de l’Union européenne, a annoncé, jeudi, Mgr Marcel Utembi.
« Nous sommes à Bruxelles pour alerter la communauté internationale de ne pas oublier le drame du peuple congolais qui souffre énormément », a déclaré Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), dans son introduction à une conférence de presse tenue par la délégation commune à Bruxelles, axée sur la situation sécuritaire et humanitaire ainsi que sur le processus électoral en cours en RDC.
Après avoir décrit la situation de guerre dans le Nord-Kivu et l’Ituri, marquée par des massacres, des déplacements massifs des populations et des graves violations des droits humains, la délégation a demandé à l’Union européenne (UE) et à ses États membres une assistance humanitaire en faveur des populations déplacées, l’accompagnement des initiatives portées par l’Angola et le Kenya, la reconsidération de la coopération militaire UE-Rwanda ainsi que le renforcement de la coopération bilatérale entre l’UE et la RDC.
La délégation a aussi sollicité le soutien de l’UE pour la création rapide d’un Tribunal pénal international pour le Congo, devant établir la vérité et rendre justice, y compris la justice transitionnelle, par rapport à toutes aux exactions du passé et à celles d’aujourd’hui.
Tout en saluant les efforts qui sont déployés pour mettre fin à la guerre, la CENCO et l’ECC estiment que l’approche militaire n’a pas encore donné des résultats, dénonçant « les guerres d’influence et les batailles pour le contrôle des ressources naturelles ».
Elles insistent aussi sur les responsabilités nationales et sous-régionales, estimant que les initiatives actuelles montrant leurs limites, « il faudrait construire un consensus national sur un plan de paix », par un « dialogue interne ».
Des craintes sur le processus électoral en cours
Concernant le cycle électoral, la CENCO et l’ECC ont exprimé leur crainte quant à l’aboutissement de ce processus dans les conditions actuelles. Elles ont relevé des difficultés dans l’identification et enrôlement des électeurs, opérations qui conditionnent la bonne tenue du fichier électoral et la répartition des sièges à l’Assemblée nationale.
Selon les Eglises catholique et protestante, « la Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit clarifier la situation qui touche à l’intégrité du processus électoral. Les élections crédibles sont l’unique voie pour pacifier et stabiliser le pays ».
Elles ont invité la CENI à « créer un cadre de concertation » avec les parties prenantes.
Pour les prélats, la démarche à suivre est d’arriver aux standards internationaux pour des élections démocratiques crédibles.
Parlant de leurs propres responsabilités, les deux confessions religieuses ont rassuré quant à leur accompagnement pour soulager tant soit peu la souffrance de la population.
« Nos différents services, comme Justice et paix, travaillent à la consolidation de la démocratie par l’éducation de la population à une citoyenneté responsable et la surveillance citoyenne du processus électoral », a souligné Mgr Marcel Utembi.
Mgr Donatien Nshole et le pasteur Eric Nsenga, secrétaires généraux respectifs de la CENCO et de l’ECC, font également partie de la délégation commune. ACP/