Kinshasa, 07 mai 2023 (ACP).- L’ « évaluation lucide » de « l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région », signé en 2013 à Addis-Abeba (Ethiopie), a été recommandée, samedi, dans l’intervention du Président de la République démocratique du Congo (RDC) au 11ème sommet de Bujumbura (Burundi), a appris l’ACP de la Présidence.
« Le contexte de la tenue de ce sommet nous commande donc de procéder à une évaluation lucide de ce qui aurait pu être fait, c’est-à-dire, entreprendre une réflexion approfondie sur le chemin parcouru, dès lors que pour nos peuples, et le mien en particulier, nous sommes encore à la croisée des chemins », a déclaré le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, président sortant du Mécanisme de suivi dudit accord.
« C’est avec une profonde amertume et une grande désolation que nous constatons, dix années après l’entrée en vigueur de cet accord, la rupture de ce pacte collectif par un des Etats signataires, j’ai cité, la République du Rwanda qui, sous couvert du mouvement terroriste du M23(…) », s’est-il indigné, devant ses homologues des pays signataires, en dépit de l’absence remarquée du Rwanda et du Kenya.
En tant que président sortant du Mécanisme de suivi de cet Accord-cadre et Président en exercice de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Chef de l’Etat congolais a sollicité l’implication de tous, pour une sécurité durable dans la région.
« L’évaluation de l’état de mise œuvre de nos engagements respectifs dans le cadre de l’Accord-cadre ne saurait être un exercice limité aux seuls pays de la Région. Celui-ci devrait, sans nul doute, également requérir l’implication d’autres partenaires ainsi que celle des institutions garantes », a-t-il expliqué, en présence des représentants de l’ONU, l’UA et l’Union européenne invités à ce sommet.
Auparavant, le Président Tshisekedi n’a pas manqué d’indexer le Rwanda qui « s’est donné la liberté d’agresser et d’envahir une partie de la Province du Nord Kivu, en République Démocratique du Congo ; ceci, en totale violation de l’engagement régional numéro 3 de l’Accord-cadre dont il est signataire(…) », regrettant le fait que cet accord « augurait des lendemains meilleurs et radieux pour les peuples de notre Région ».
Avant de passer le témoin à Evariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi, Félix Tshisekedi a fait le constat de l’état alarmant de la situation sécuritaire dans la Région des Grands Lacs.
« Ces dernières semaines, le peuple congolais a, une fois de plus, été endeuillé par des tueries massives, notamment à Kizimba et à Kalega dans le Masisi ainsi qu’à Kishishe dans le Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, dues à l’activisme des groupes armés et terroristes sévissant dans la région », a-t-il fait remarquer.
Nécessité d’une redynamisation
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a interpelé dans son mot, les signataires de l’Accord-cadre et les partenaires, pour insuffisance des résultats.
« (…) je voudrais vous interpeller, nous interpeller pour un réel examen de conscience. N’est-il pas superflu de dire que nous avons aujourd’hui assez de conflits dans le continent ? », s’est-il interrogé.
L’Angola et le Burundi ont quant à eux, trouvé qu’il y a des défis à relever sur le terrain, mais tout doit être pris en compte pour ramener la paix en RDC.
Pour l’envoyé spécial des Nations Unies pour les Grands Lacs, le Chinois Huang Xia, « il faut faire une évaluation sur ce qui a été fait au cours des dix dernières années dans le cadre de la revitalisation de l’Accord-cadre ».
L’Envoyé spécial a en outre plaidé pour l’élaboration d’ « une feuille de route permettant à toutes les parties concernées de s’engager dans le travail d’évaluation et de redynamisation ».

Le communiqué final de ce 11ème sommet a retenu notamment l’appel à des actions rapides pour permettre le désescalade entre la RDC et le Rwanda ; le soutien aux processus de Luanda et Nairobi et un accord sur l’élaboration d’une feuille de route pour relancer l’initiative.
Une réunion chapeautée par l’UA, est également prévue, pour des débats entre tous les acteurs de la région (politiques, diplomates, membres de la société civile et chercheurs). Elle débouchera, a-t-on indiqué, sur la confection d’un rapport à soumettre aux parties prenantes, lors du sommet de Kampala en 2024.
Au total, treize(13) chefs d’Etat ou leurs représentants, le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres, ainsi que les représentants de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont participé à cette rencontre au sommet.
ACP/