Kinshasa, 13 juin 2020 (ACP).- Trois militaires camerounais ont été inculpés de l’assassinat en février de civils, dont 10 enfants, dans la partie anglophone du Cameroun, un massacre qui avait déclenché un tollé international, contraignant le pouvoir à admettre la responsabilité de ses soldats, longtemps niée, ont indiqué vendredi des médias internationaux.
D’après ces sources, depuis près de trois ans, des groupes séparatistes et l’armée s’affrontent dans les régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l’essentiel de la minorité anglophone, dont une partie s’estime marginalisée par la majorité francophone du pays.
L’armée avait initialement parlé d’un “malheureux accident” avant que Yaoundé n’admette mi-avril que 10 enfants et trois femmes avaient été tuées le 14 février par des militaires épaulés par une milice de l’ethnie peule, dans le quartier de Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest.
Pour l’ONU, au moins 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes avaient été tués. Les trois soldats camerounais, arrêtés mi-avril, ont été inculpés notamment d’“assassinat”, a déclaré jeudi le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo. Deux mois durant, Yaoundé avait nié la tuerie, affirmant que cinq civils avaient péri à la suite de l’explosion de conteneurs de carburant, consécutive à des échanges de tirs entre des soldats et des “terroristes” séparatistes.
Le massacre avait provoqué un tollé international et notamment l’intervention de la France, alliée de Yaoundé et ancienne puissance coloniale: le président Emmanuel Macron avait dénoncé “des violences intolérables” et promis “de mettre le maximum de pression” sur le chef de l’Etat Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, lequel avait ordonné une enquête.
Les combats au Cameroun anglophone, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, selon de nombreuses ONG, ont fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile. ACP/Kayu