Kinshasa, 28 mai 2024 (ACP).- L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu formellement, mardi, l’État palestinien, a appris l’ACP de source officielle espagnol.
« Cette reconnaissance est une nécessité pour parvenir à la paix entre Israéliens et Palestiniens, en plus d’être une question de justice historique pour le peuple palestinien », a déclaré Pedro Sanchez Premier ministre espagnol.
« Cette décision n’est prise contre personne, et encore moins contre Israël, un peuple ami (…) avec qui nous voulons avoir la meilleure relation possible », a-t-il ajouté, affirmant que «reconnaître l’État de Palestine reflétait par ailleurs notre rejet total du Hamas qui est contre la solution à deux États ».
Dans un message publié sur X, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a accusé le Premier ministre espagnol de se rendre « complice des appels au génocide du peuple juif » en reconnaissant l’État de Palestine et en maintenant à son poste le numéro trois de son gouvernement, Yolanda Diaz, qui a appelé récemment à libérer la Palestine « du fleuve à la mer ».
Amener d’autres États à prendre la même décision
Annoncée mercredi dernier de façon coordonnée par Pedro Sanchez et ses homologues irlandais et norvégien, cette reconnaissance est donc effective à compter de ce 28 mai.
Le gouvernement d’Espagne a adopté mardi, lors d’un Conseil des ministres, un décret reconnaissant officiellement l’État de Palestine.
Dans la matinée, le gouvernement irlandais s’est également réuni pour officiellement reconnaître l’État de Palestine. Le Premier ministre Simon Harris a estimé qu’il s’agissait de « maintenir l’espoir en vie », appelant son homologue israélien Benjamin Netanyahu à « écouter le monde et arrêter la catastrophe humanitaire » à Gaza.
De son côté, la Norvège a remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, actant l’entrée en vigueur mardi de cette décision.
Ces trois pays européens dont deux, l’Espagne et l’Irlande, sont membres de l’UE estiment que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres États à les rejoindre.
Ils mettent en avant le rôle tenu par la Norvège et l’Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Proche-Orient.
Madrid avait, en effet, accueilli une Conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d’Oslo de 1993.
Si la Slovénie devrait elle aussi reconnaître prochainement l’État de Palestine, la question suscite de profondes divergences au sein de l’UE.
D’autres États membres jugent en effet, comme la France, que ce n’est pas le bon moment, alors que l’Allemagne n’envisage une telle reconnaissance qu’à l’issue de négociations entre les deux parties.
Reconnu par plus de 140 pays
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’État de Palestine est désormais reconnu par 146 pays sur les 193 États membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne. Sont absents de cette liste la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
Jusqu’ici, la Suède avait été en 2014 le seul pays de l’UE à reconnaître l’État de Palestine, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l’ayant fait avant de rejoindre le bloc.
La décision de Madrid, de Dublin et d’Oslo a provoqué la semaine dernière la fureur d’Israël. Les tensions sont encore montées d’un cran ces derniers jours.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a ainsi pris lundi des « mesures punitives » à l’encontre de Madrid, interdisant au consulat d’Espagne à Jérusalem de fournir ses services aux Palestiniens à compter du 1er juin.
« Nous ne tolérons pas que l’on porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d’Israël », a-t-il dit, accusant l’Espagne de décerner une « récompense au Hamas« , dont l’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël a déclenché la guerre actuelle dans la bande de Gaza.
«Pour une reconnaissance à un moment utile, pas sous le coup de l’émotion»(Macron)
Le président français Emmanuel Macron a répété mardi que la reconnaissance d’un État palestinien n’était pas un sujet tabou mais qu’elle devait intervenir à un moment utile et pas sous le coup de l’émotion.
« Il n’y a pas de tabou pour la France et je suis totalement prêt à reconnaître un État palestinien mais (…) je considère que cette reconnaissance doit arriver à un moment utile », a déclaré Emmanuel Macron président français.
Un nouveau bilan de 36096 morts
Le ministre de la santé du Hamas a annoncé mardi un nouveau bilan de 36096 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien il y a plus de sept mois.
Au moins 46 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a précisé le ministre dans un communiqué, ajoutant que 81 136 personnes ont été blessées depuis le 7 octobre. ACP/