Kinshasa, 12 mai 2024 (ACP).- Le projet de mise en place d’une « Commission nationale multidisciplinaire » pour réfléchir sur la voie à suivre pour doter la République démocratique du Congo d’une nouvelle Loi fondamentale a suscité des polémiques dans le camp des acteurs politiques congolais. En réaction, la société civile, elle, ne trouve aucun inconvénient quant à la modification de quelques dispositions constitutionnelles.
Dans un entretien accordé à l’Agence congolaise de presse (ACP), vendredi, Christopher Ngoy Mutamba, acteur de la société civile a estimé que la « nouvelle Constitution » aiderait la RDC à éliminer plusieurs obstacles qui se dressent sur le chemin de son développement.
Un cas d’espèce, d’après lui, la difficulté pour le Président de la République de réunir les deux Chambres du Parlement afin de réserver des réponses adaptées à l’agression rwandaise ainsi que le retard mis, depuis son investiture, dans la mise en place de nouvelles institutions, dont l’équipe gouvernementale.
Question 1 : D’aucuns estiment que la RDC devrait se doter d’une nouvelle Constitution, d’autres s’y opposent. Quel est votre point de vue en tant que membre de la société civile ?
Christopher Ngoy : « La Constitution, les lois, ne sont pas des fétiches. Ce sont des dispositifs, des principes qui sont faits pour réguler la société. La société est elle-même évolutive. Les principes que nous avions ou les valeurs que nous avions dans le temps, avec le temps, ont changé. Et il est normal que la Constitution qui est là pour réguler la vie politique du pays ou de la nation, soit modifiée dès l’instant qu’on constate qu’elle devient obsolète. Il y a des lois qui desservent la nation, il y a des lois qui ne conviennent plus, mais il faut les changer. Aux États-Unis, la Constitution a été modifiée plusieurs fois. Dans la nôtre, il y a des articles qui posent problème. Le pays est en guerre, le Président a besoin d’avoir la possibilité de réunir les deux Chambres en congrès pour prendre certaines décisions qui s’imposent, pour la survie de la nation, mais il ne peut pas le faire. Il faut changer toutes ces dispositions là… »
Question 2 : Les Congolais s’impatientent à propos de la sortie du nouveau gouvernement. Il y va de même pour l’installation du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Que faut-il déduire par là ?
Christopher Ngoy : « Concernant le bureau définitif, nous sommes peinés (…). C’est le jeu politique qui bloque. Ce sont les politiciens qui bloquent. Il y a des conciliabules. Et puis qui bloque ? C’est la Constitution. C’est la Constitution qui n’a pas prévu des contraintes qui pousseraient ces gens-là à décanter la situation rapidement. Et on devrait maintenant y penser, il est temps d’ailleurs. Il faudrait que, prochainement, dans la future Constitution, nous puissions y truffer des contraintes, qui feront, comme au Sénégal, que dès qu’on a élu le président, en moins d’une semaine il ait désigné son premier ministre, suivi du gouvernement ».
Question 3 :L’actualité reste également dominée par le bombardement du camp de déplacés de Mugunga à Goma, par les terroristes du M23 appuyés par l’armée rwandaise. Vous avez un mot à placer là-dessus ?
Christopher Ngoy : « Ce que je ressens, c’est la colère de voir qu’il y a des aventuriers qui se permettent de larguer des bombes en plein jour sur les populations pauvres, de surcroît, des Congolais qui ont fui la guerre parce qu’ils ne voulaient pas mourir, et qui se retrouvent dans le camp de Mugunga, et on les poursuit jusque-là pour les bombarder. C’est être deux fois criminel de guerre. Ça n’a aucune excuse. C’est des criminels, ils seront arrêtés. Ces crimes sont imprescriptibles. Quel que soit le temps, ils seront arrêtés. Le gouvernement ou le Président de la République ne négociera jamais avec eux ». ACP/KHM