Kinshasa, 20 avril 2023 (ACP).- La répartition des sièges des futurs candidats par la Commission nationale électorale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo(RDC) a figuré parmi les recommandations faites à cette institution, mercredi, par l’activiste des droits humains, Jonas Tshombela, interviewé par l’ACP.
Ce coordonnateur de « La Nouvelle société civile du Congo » (NSCC) a notamment recommandé à la centrale électorale de s’attaquer urgemment à ladite loi et « à recourir à une expertise nationale, pour la révision du fichier électoral, en lieu et place des organisations étrangères, parfois impliquées dans la déstabilisation de la RDC ».
Jonas Tshombela a, par ailleurs, fait savoir qu’il prépare la sortie d’un « Front national contre la balkanisation du Congo » telle que dévoilée par le Rwanda.
Question 1 : Qu’est-ce que votre organisation recommande à la CENI concernant la loi sur la répartition des sièges , la révision du fichier électoral et la suite du processus ?
Jonas Tshombela : « Nous recommandons à la CENI de travailler maintenant, d’arrache-pied, pour nous sortir la Loi sur la répartition des sièges. (…)r. Nous lui recommandons également de bien s’investir pour l’étape de révision du fichier électoral. Nous estimons que ce fichier ne devra plus être révisé, par les mêmes structures habituées à nous poser des problèmes aujourd’hui, surtout pas par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).. Et partant, nous ne devons donc pas laisser nos données stratégiques entre les mains des gens qui ont des velléités expansionnistes sur notre pays(…).
La CENI devrait vraiment y réfléchir, voir quelle alternative nous devons apporter à ce fichier. Donc au niveau de la société civile, nous restons intransigeants sur cette question de l’audit du fichier électoral.
Cet audit peut aussi se faire localement. C’est à dire que , l’audit du fichier électoral peut aussi se faire par une expertise locale, et c’est ce que nous encourageons. C’est faisable et c’est possible. Nous n’avons pas tout le temps à recourir à l’expertise internationale.
Nous pensons qu’il faut désormais croire à l’expertise nationale et au niveau de la Nouvelle Société civile, nous y travaillons. Et pour la suite du processus, la CENI devrait continuer à travailler dans la transparence, dans la communication de toutes les étapes, dans les discussions avec les cadres du dialogue mis en place (…)».
Question 2 : Le Rwanda commence à présent à revendiquer « ses terres cédées à la RDC », comme motif de son agression. Qu’en pensez vous en tant que Société civile ?
Jonas Tshombela : « Nous venons, avec le Président Félix Tshisekedi en tête, par sa diplomatie, de sortir M.Kagame et son gouvernement ainsi que certains membres de la Communauté internationale de leur carcan, où ils se cachaient derrière la poursuite des FDLR, derrière les CNDP, RCD et M23 aujourd’hui. Maintenant ils n’ont plus raison. La raison est maintenant connue. Elle est de deux ordres : nos richesses qu’il faut piller et nos ressources qu’il faut envier. Le Rwanda vient de montrer à la face du monde comment il est impliqué dans la déstabilisation de notre pays au moyen des velléités expansionnistes. C’est pour cette raison que la réponse du Congo ne va pas tarder à venir.
Au niveau de la NSCC, un appel est lancé, aux compatriotes, au partis politiques, aux mouvements citoyens, au femmes, jeunes, aux étudiants, et à toutes les personnes de bonne volonté de venir se joindre à nous dans le » Front congolais pour la sauvegarde de l’intégrité de notre pays » . Ce front est en train d’être mis en place d’ici la fin du ce mois. Et il n’ aura pour mission que de sauvegarder l’intégrité territoriale du Congo, de lutter contre le pillage des richesses du pays par les Etats voisins et les multinationales (…)
Partant des propos de M. Kagame, nous pensons même que le Rwanda risque un jour de devenir la 27ème province du pays. La RDC n’a pas été à la Conférence de Berlin, ni le Rwanda, et là aussi, le Rwanda n’était rien en 1883, pendant que le Congo était déjà un Etat indépendant. C’est la RDC qui par contre a cédé des territoires au Rwanda.
Nous disons que nous allons commencer à réfléchir comment récupérer nos terres au Rwanda. Et pour la sauvegarde de l’intégrité du territoire nationale, nous continuons à demander à l’Union africaine de se prononcer très clairement sur ce principe sacro-saint qui fonde l’existence de cette organisation. Car son silence devient complice et la présence de la RDC toutes ces organisations devient également inutile ».
Question 3. Parlons un peu de la « loi Tshiani », actuellement sous examen au Parlement. Quelle est votre contribution à ce débat, en tant que Société civile ?
Jonas Tshombela : « Au sujet de cette Loi, « la Loi Tshiani », nous pensons que nous sommes dans un pays démocratique où la liberté d’opinion, d’initiative, la liberté de réfléchir est reconnue à tout citoyen et tout Congolais. M. Tshiani s’inscrit dans cette logique de liberté. Il s’est inspiré, en tirant leçon de ce que nombreux de nos compatriotes, aujourd’hui, trahissent le pays.
Notre opinion, à ce sujet, est que nous reconnaissons la liberté d’initiative à Monsieur Tshiani, et, en même temps, nous reconnaissons au Parlement la responsabilité de prendre tout projet de loi, afin de chercher comment le délibérer. Ce qui compte c’est le résultat qui va sortir des discussions autour de ce projet.
A notre humble avis, il faut tout relativiser. Ce n’est pas seulement la « Loi Tshiani ». Toutes les lois de la République, ont toujours de cas d’exclusion. Par exemple quand on dit aux élections qu’il faut seulement avoir 18 ans, comme âge minimal pour voter, n’est-ce pas là un cas d’exclusion ?
Toutes les lois du pays ne donnent jamais la possibilité à tout le monde. Mais que les gens ne se sentent visés par cette loi. Parce que maintenant, le débat n’est plus sur le bien fondé de la loi ni sur le bon ou mauvais côté de la loi, il reste maintenant focalisé sur les individus. Ce qui n’est pas la vision de son auteur. Au niveau de la NSCC nous conseillons de laisser la démocratie fonctionner. Si le parlement vote cette loi ou la rejette, nous allons toujours en tirer des conséquences. Ceux qui sont contre cette loi n’ont qu’à donner des arguments ». ACP/