Kinshasa, 05 décembre 2024 (ACP).-Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a exprimé son intention de réviser ou changer la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC). Partout où il est passé, il a confirmé la mise en place, dès l’année prochaine, d’une commission chargée de réfléchir sur cette question. Cependant, l’opposition congolaise s’y oppose. Abordé jeudi par l’ACP, l’acteur politique Eric Masamba livre ses impressions sur ce dossier.
ACP : Quel est votre point de vue sur l’intention exprimée par le Président de la République de réviser ou de changer notre Constitution?
Eric Masamba (EM): Je dirai que toute œuvre humaine est évolutive, mais aussi perfectible. Dans ce cas, je n’en vois pas d’inconvénients à ce que la loi des lois puisse rencontrer les besoins du temps actuel. Autrefois, celle-ci s’étant adaptée aux différentes préoccupations inhérentes aux belligérants, sans tenir compte des millions d’autres Congolais non membres des groupes armés… ceux des Congolais d’hier qui avaient 10 ans, aujourd’hui 30 ans attendent également s’exprimer.
ACP : Selon vous, quelles seraient les dispositions révisables, les plus importantes et les plus urgentes?
E.M : Tout d’abord, il faut dépersonnaliser le débat. À ce sujet, il faudrait, entre autres,
- Renforcer l’esprit de la cohésion nationale. À cet effet, le futur Président de la République ainsi que d’autres institutions nationales doivent être secondées par trois (3) ou quatre (4) vice-présidents de la République et tous issus de quatre (4) régions linguistiques différentes.
- Renforcer la cohésion nationale au sein de la Fonction publique et autres services étatiques, en raison d’un quota représentant 25% des originaires de différentes régions linguistiques.
- Un Congo unitaire fortement décentralisé ou carrément le fédéralisme, car, le Congo est devenu trop grand pour que Kinshasa s’occupe des problèmes de l’arrière-pays.
- Faire retour à un parlement à une seule chambre et abolir le Sénat et les Assemblées provinciales qui sont budgétivores, dans le souci de mieux financer les équipements publics.
- Afin de lutter contre l’individualisation du pouvoir, opter pour un septennat unique permettant au président de travailler sur un mandat unique de sept (7) ans et ceci avec alternance entre les différentes régions linguistiques.
- Les élections au niveau national doivent se faire au suffrage indirect dont les élus de la base au suffrage direct deviennent de surcroît les grands électeurs qui vont élire le président de la République ainsi que les députés nationaux.
- Le système éducatif doit répondre à une double exigence, à savoir : un standard international et un standard régional afin de répondre aux exigences de production, de transformation de nos besoins élémentaires.
- Bannir l’exportation brute de nos richesses du sol et du sous-sol afin de promouvoir l’industrie congolaise et booster le plein emploi, réponse, notamment à la problématique des enfants de rue et autres.
ACP : Seriez-vous partant, et sous quelles conditions, à la commission interdisciplinaire que le Chef de l’État a promis de mettre en place dès 2025 pour approfondir cette question ?
E.M : Bien évidemment, toute personne est unique porteur d’une lumière et je prendrai part aux travaux de relecture de la Constitution et le ferai sans compromission, en âme et conscience, loin de considérations des partis politiques, des accointances …. In fine, j’y prendrai part sans une quelconque exigence; sauf de conserver ma liberté de réflexion et d’expression.
Le vrai brainstorming que je souhaitais … Faire sortir l’expression de nos tripes…. Et surtout valoriser un travail poussant la science encore plus loin. J’éviterai, de par mon vote, de contrer l’alternance démocratique chèrement acquise au risque de brûler le pays…
J’estime également que ce travail ne doit pas se transformer en une assise pour la reconduction des anciens présidents qui ont déjà totalisé 2 mandats à la tête du pays. Mais ça doit se faire dans le sens d’aplanir le sentier pour le futur président à élire en 2028 et surtout promouvoir le développement humanitaire.
Faire le nécessaire pour intégrer nos frères et sœurs de la diaspora à prendre part à la reconstruction du pays. De ce fait, il convient de faire de la nationalité congolaise, un principe inaliénable, car ladite nationalité est liée aux différentes ethnies que compose la RDC, bien avant la date de son indépendance. Elle peut être détenue concurremment avec celle d’autres pays; excepté des pays voisins directs et celle directe de nos voisins.
Tenant compte de la fiscalité, il faut faire le lien entre investissement et meilleurs taux d’imposition unique pour éviter la fuite des capitaux. Je suggère une dérogation constitutionnelle afin que toute entreprise ou initiative générant moins de 500.000,00 USD par an, son taux unique d’imposition soit sur une plage négociable au cas par cas entre 1 et 8% au maximum. ACP/