Trois questions au doyen de la Faculté de Polytechnique de l’Université de Kinshasa

Kinshasa, 21 avril 2024 (ACP).- Dans le cadre de   la « Journée mondiale de la créativité et de l’innovation », commémorée le 21 avril de chaque année, l’ACP a approché dimanche le Doyen de la  faculté de Polytechnique de l’Université de Kinshasa (Unikin),  en République démocratique du Congo.

Le professeur Dr. Ir. Jean-Marie Beya a indiqué notamment  que  cette faculté «constitue le lieu par excellence de formation des ingénieurs civils, capables de concevoir des projets de tous genres  pour  des  entreprises publiques et privées du pays, lui évitant ainsi  de dépenser 100, voire 1000 fois plus en recourant à l’expertise étrangère ».

Dr. Ir. Jean-Marie Beya Kamba est professeur au Département de génie électrique et informatique de la faculté polytechnique de l’Unikin.

Voici ses réponses aux principales questions liées à cette journée :

Question 1 : Comment se porte aujourd’hui la formation dispensée aux polytechniciens à l’Université de Kinshasa, en cette ère de transition numérique et d’innovations technologiques multisectorielles?

Dr.Ir. Jean-Marie Beya : « La faculté polytechnique forme des ingénieurs civils en 5 ans, ingénieur civil est un grade, hérité du système belge, attribué à quelqu’un qui a terminé 5 années d’ études, en dehors de l’année préparatoire , soit dans une faculté polytechnique, soit dans une faculté des sciences appliquées ou encore, avec le système LMD, dans une faculté des sciences de l’ingénieur. Avec l’ instauration du système LMD -on en est à la 2ème année de sa mise en œuvre – à la faculté polytechnique, on appellera ce diplôme : master en sciences de l’ingénieur, ou master ingénieur civil.

En ce qui concerne la qualité des ingénieurs civils que nous formons, on la juge à partir des feedbacks reçus dans les milieux professionnels et qui sont très bons, qu’ il s’agisse des entreprises publiques ou privées, ou même des universités étrangères pour ceux qui veulent poursuivre leurs études.

Donc, malgré l’absence quasi-totale du financement, le personnel académique et scientifique de la faculté polytechnique de l’Unikin fait son travail avec compétence, sérieux et  rigueur connus et reconnus des ingénieurs ».

Question 2 : Comparativement à d’autres structures de formation technique du pays comme de l’étranger, quelles sont les filières dans lesquelles votre faculté se distingue en matière d’ invention et qui puissent intéresser le gouvernement ? 

Dr.Ir. Jean-Marie Beya : « Jusqu’à ce jour, la faculté polytechnique forme des ingénieurs civils dans les départements de génie civil, de génie mécanique, de génie électrique et informatique.

Notre ambition est d’ouvrir davantage la faculté polytechnique au monde extérieur, développer des partenariats avec les institutions et/ou entreprises publiques ou privées, afin de familiariser nos étudiants avec le monde professionnel et surtout de les habituer à résoudre en priorité les problèmes de la société congolaise. Le souci est aussi  de faire connaître les capacités et la qualité de nos ingénieurs auprès des autorités du pays, qui  ignorent souvent de bonne foi qu’il y a des ingénieurs civils bien formés au pays. 

Il faut noter que les ingénieurs civils sont essentiellement des concepteurs, qu’ il s’agisse de la construction d’une route, d’un grand immeuble, d’ un aéroport, de l’adduction d’eau, de la construction d’une centrale électrique, de l’ informatisation d’une administration ou l’automatisation des systèmes et des processus, de la fabrication des véhicules, bref de l’ industrialisation du pays de manière générale.

Ainsi, dans les domaines de génie qui sont les nôtres, c’est-à-dire le génie civil, génie mécanique et de génie électrique et informatique, la faculté est capable de fournir beaucoup de choses au gouvernement, aux entreprises publiques et au pays en lui évitant de dépenser 100 voire 1000 fois avec des entreprises étrangères sans oublier les surfacturations qui en découlent ».

Question 3 : En vue de mieux remplir  sa mission sociale et contribuer développement du pays via ses ingénieurs, que recommandez-vous au gouvernement? 

Dr.Ir. Jean-Marie Beya : « En tant que doyen de la faculté polytechnique de l’Unikin, je recommanderais aux autorités ce qui suit:

La croissance économique et sociale de tout pays est portée par les ingénieurs. 

En effet il y a une relation directe entre le PIB de chaque pays et le nombre d’ingénieurs pour 100.000 habitants.

Le développement d’un pays est indiqué par le PNUD en fonction de l’indice humain de développement (IDH), défini en fonction des niveaux d’accès par la population à l’eau, à l’électricité, au logement, au transport, aux soins de santé de qualité, au niveau de formation pour les personnes de 25 ans ainsi qu’au niveau des revenus.

Or tout ceci n’est possible que de par la qualité des ingénieurs dans le pays. Par rapport à ce point, je recommande à l’Etat congolais de financer à sa juste hauteur la recherche et la formation d’un grand nombre d’ingénieurs filles et garçons dont la RDC a vraiment besoin, pour porter sa croissance économique et sociale.

La formation d’un très grand nombre d’ingénieurs de haut niveau dans plusieurs disciplines n’est possible qu’ en créant de grandes écoles polytechniques et d’ingénieurie à travers tout le pays. A titre d’exemple, la RDC forme en moyenne une centaine d’ingénieurs civils par an dans deux facultés polytechnique (Unikin et Unilu), alors que la France forme environ 40.000 ingénieurs dans toutes les disciplines des sciences de l’ingénieur par an dans plus de 200 ou 250 écoles d’ ingénieurs ». ACP/C.L.

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