Trois questions au Professeur Alphonse Ntumba Luaba, Coordonnateur du Mécanisme national de suivi

Kinshasa, 3 septembre 2023 (ACP).- La revitalisation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba n’est pas voulue que par la République Démocratique du Congo.  Le Communiqué du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, adopté le 17 février 2023, et le sommet quadripartite du 27 juin 2023, l’ont également recommandé.

Cette recommandation est justifiée par le fait que dix ans après son adoption, l’implémentation dudit accord est très limitée. C’est ce qu’a déclaré le  Professeur Alphonse Ntumba Luaba Lumu, Coordonnateur du Mécanisme national de suivi, dans une interview accordée à l’ACP.

ACP : Monsieur le Professeur, du 24 au 25 août en cours, vous avez organisé un atelier sur la redynamisation du Mécanisme de suivi de l’Accord cadre d’Addis-Abeba, avec la participation des responsables de plusieurs services de l’État, des partenaires et les membres de la Société civile. Quels ont été les objectifs poursuivis par cet  atelier ?

Professeur Ntumba Luaba : Notre atelier du 24 au 25 août avait pour objectif de baliser l’avenir du Mécanisme National de Suivi en réfléchissant aux conditions de sa redynamisation. Ceci, après l’évaluation de son action depuis sa création et après avoir identifié ses défis et ses contraintes au regard de la mission à remplir.

Dix ans après la création du Mécanisme National de Suivi par Ordonnance présidentielle, sa redynamisation s’impose. Elle passera par un nombre de réalisations nécessaires, dont la régularité du fonctionnement du Comité de Pilotage et du Comité Exécutif, la mise en place du Conseil Consultatif (comprenant les institutions publiques, la classe politique, les confessions religieuses, la société civile, les organisations des femmes, les organisations des jeunes), et le fonctionnement des cellules thématiques. La redynamisation du Mécanisme National de Suivi doit nous permettre de mieux adapter le fonctionnement de notre institution à un Accord-Cadre qui sera revisité lors de la Conférence prévue à Durban en Afrique du Sud, prochainement.

ACP : L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et le développement en RDC et pour la Région dit « Accord-cadre d’Addis-Abeba », conclu le 24 février 2013 totalise aujourd’hui 10 ans d’existence sans avoir ramené la paix en RDC. Aujourd’hui vous voulez sa revitalisation, cela veut dire que l’accord a montré ses limites ?

P.N.L. : La revitalisation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba n’est pas voulue que par la République Démocratique du Congo.  Le Communiqué du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, adopté le 17 février 2023, et le sommet quadripartite du 27 juin 2023, ont expressément recommandé la revitalisation de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. Cette recommandation est justifiée par le fait que dix ans après son adoption, l’implémentation dudit accord est très limitée. En voulant la revitalisation de l’Accord, nous sommes sur la même longueur d’ondes avec les observateurs et avec un bon nombre de parties impliquées dans ce processus. Nous voulons insister particulièrement sur le respect par les pays de la région de leurs engagements respectifs dont le respect de la souveraineté de chaque pays, de son intégrité territoriale, la non-ingérence.

ACP : Vous avez été nommé récemment coordonnateur national de suivi, vous avez placé votre mandat sous quel signe ? Et qu’elles sont les innovations que vous avez apportées  au Mécanisme national de suivi depuis que vous êtes là ?

P.N.L. : Notre mandat a été placé sous le signe de la réorganisation et de la redynamisation du MNS en vue d’une revitalisation efficiente de l’Accord-Cadre.  

De façon particulière, depuis que nous avons repris le flambeau du MNS, Nous avons réorganisé les cellules thématiques sur nos engagements nationaux en les regroupant de manière harmonieuse.

Nous nous sommes attelés à renouer les contacts avec nos partenaires institutionnels et internationaux (points focaux des institutions et ministères, partenaires comme le Bureau de l’Envoyé spécial du S. G. des Nations Unies pour les Grands Lacs, la MONUSCO, l’Union européenne, l’Union africaine, les ambassades des pays dont la Chine, le Burundi, etc.)

Nous avons mené des études thématiques sur « les causes profondes de la guerre et de l’insécurité dans les Grands Lacs » (volonté de puissance et prédation de la part des multinationales pour la mainmise sur les dernières réserves des matières premières stratégiques dont regorge le Congo ; velléités expansionnistes des pays voisins de la RDC, notamment le Rwanda ; les  velléités expansionnistes des pays voisins de la RDC, notamment le Rwanda ; la question foncière ; la question des réfugiés, etc.)

Nous sommes en train de finaliser des études thématiques (qui vont compléter celles des « Livres Blancs » du Gouvernement), pour « vider » les prétextes dont se servent nos agresseurs pour justifier les violences et la belligérance contre nos populations. Nous travaillons également sur la question de la fin de l’impunité, et sur la mise en route de la Justice pénale internationale et de la Justice transitionnelle et la réparation pour favoriser la réconciliation, etc.

ACP/C.L

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